jeudi 27 mai 2010

MÉTHANE


LO N° 380 (27/05/10)

Mais j'ai dit que je reparlerais du méthane, donc :
SUITE 14 - RETOUR SUR LE MÉTHANE ET LES CLATHRATES
# … si l’augmentation de la concentration du méthane dans l’atmosphère, très rapide après le début de l’ère industrielle, s’est ralentie depuis quelques années pour des raisons encore débattues, un retour à un accroissement rapide, en cas de dégel des régions arctiques, par exemple, reste tout à fait possible. # (Site Global Chance)
En effet, si les T° continuent d'augmenter (quelle qu'en soit la cause, Soleil ou GES d'origine humaine), les clathrates (hydrate de méthane ou glace de méthane) pourraient se mettre à roter comme des vaches, dégageant moult méthane dans l'atmosphère ; de même que d'immenses surfaces de pergélisol, dégelant, lâcheraient aussi leur méthane. (Quand le sol fond, c'est la terre (la Terre) qui se dérobe sous nos pas.)
Et cela se ferait vite, à cause d'un effet de seuil (le moment où le verre déborde), en quelques mois la concentration de CH4 dans l'air augmenterait énormément, entraînant (toujours rapidement) un nouvel excès de serre, c'est-à-dire une montée de T° rapide. (Pas de chiffres disponibles, d'où l'usage de termes emphatiques comme énormément, vite ou rapidement, comme un vulgaire journaliste télé.) Si bien que finalement les dernières alarmes de ce vieux fou de Lovelock ne seraient pas si invraisemblables.
(Cf Books N°13, mai-juin 2010 –
http://www.booksmag.fr/magazine/a/climat-apocalypse-tomorrow.html)
Cf. aussi les alertes de Paul Alary que j'ai exposées dans la LO 333 (la moitié de 666, c'est mauvais signe).
Bon, cela dit, il semble (d'après les scientifico-sceptiques) que les T° ont cessé d'augmenter en 2007 – peut-être pour laisser la place dans les médias à la crise financière… Et que, comme dit plus haut, la concentration en méthane stagne. Donc attendons et buvons frais.

— Allons bon ! Voilà qu'on apprend que les termites dégagent des paquets de méthane à effet de serre !
— On devrait écrire "thermites", alors.

(Il faut citer aussi les explosions de méthane qui précèdent et accompagnent les séismes. Le méthane provoque les incendies qui sont souvent associés aux secousses sismiques. Les animaux sont énervés ou agités avant les séismes car ils sentent le méthane qui s’échappe. Les nombreux séismes et éruptions de 2009, 2010 devraient se marquer par une augmentation du taux de méthane dans l'atmosphère.)

(En rangeant de vieux journaux, je retombe sur un entrefilet dans un CH-H de juin 09. Anatoli Nesterov, de l'Académie des Sciences de Russie explique la disparition de tant de bateaux dans le fameux triangle des Bermudes par l'y abondance de clathrates. Un mouvement de terrain sub-océanique ou un réchauffement des eaux favoriseraient une décomposition des clathrates en question, ce qui produirait une baisse brutale de la densité de l'eau, d'où bateau coulé !
— Mais les avions, alors ?
— L'odeur, peut-être…
— Mais non, j'ai dit que le méthane est inodore. Ce qui pue dans nos pets, c'est le sulfure d'hydrogène H2S. (Celui-là même qui sort des algues vertes, d'ailleurs, et qui, à forte dose, est mortel.)
— En plus, je sais pas si vous êtes au courant, mais sous le triangle des Bermudes, au fond, y a les restes de l'Atlantide engloutie.
— Le réchauffement climatique serait-il la vengeance des Atlantes ?
— Comme le 11 septembre ?
— À moins que ce soit encore un coup des Templiers…
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Le site Global Chance insiste très fortement sur le rôle du méthane et sur des éléments de calcul assez complexes qui sont mal communiqués et donc mal pris en compte par les décideurs. Je reviens donc aussi sur la question de la communication. En bref, d'une part on simplifie trop à l'usage de présidents et élus scientifiquement nuls ; d'autre part on s'obnubile sur le CO2 en oubliant le méthane ; d'autre part encore, la manière dont on considère son PRG (potentiel de réchauffement global) induit une erreur de calcul sur le court et le moyen terme. Son PRG de 25 (on l'a d'abord dit de 21 puis de 23) est calculé "sur 100 ans", MAIS, sur 20 ans, il est de ± 70, sur 50 ans de ± 40… Autrement dit, la capacité de réchauffement actuelle du méthane déjà présent dans l'air, son PRG, est presque trois fois plus élevée que les chiffres pris en compte (21 revu 25). Si bien que l'urgence serait de s'attaquer au NH4 plutôt qu'au CO2. Et justement, à part les rots des vaches et nos flatulences, le NH4 est relativement facile à récupérer et à utiliser en gaz de ville.
Pour plus de précisions techniques et chiffrées, voir :
http://www.global-chance.org/spip.php?article83
# Au bout de 100 ans, a rappelé M. Le Treut, le méthane (CH4) a un potentiel de réchauffement planétaire 21 fois plus élevé que celui du CO2. Mais à moyen terme, son impact climatique est bien plus fort que celui du gaz carbonique. Ainsi en 2020, le potentiel de réchauffement planétaire d’une tonne de CH4 émise en 2000 sera 72 fois plus élevé que celui d’une tonne de CO2 envoyée la même année dans l’atmosphère. Conclusion : compte tenu de l’accélération de l’effet de serre et de l’urgence de le combattre, il ne faut pas seulement combattre le CO2 mais aussi les autres GES. Il faut notamment donner une plus grande importance aux réductions de CH4, qui seront bénéfiques pour l’atmosphère à relativement brève échéance. #
# La recommandation européenne de stabilisation à « 450 ppmv d’équivalent CO2 » (nécessaire pour limiter le réchauffement à 2 degrés) s’appuie sur ces scénarios détaillés prenant en compte le rôle de chaque gaz. En effet, une division par deux des émissions de CO2 ne permettra pas d’atteindre à elle seule la cible de 450 ppmv. Il faut un effort concomitant sur les autres gaz. La stabilisation à 450 peut être atteinte, par exemple, en combinant = une division par deux des émissions de CO2 + une réduction de 30 % des émissions de méthane + une réduction d’autant de protoxyde d’azote d'ici 2050 (par rapport à 1990).
Pourtant seuls les efforts de réduction du CO2 sont cités dans la suite du texte du Conseil européen. De même, dans les conclusions du Grenelle de l'environnement, après l'affirmation de la volonté de se conformer aux recommandations de l'UE, les mesures proposées concernent exclusivement la réduction des émissions du CO2, sans qu'une seule fois le document final ne mentionne le méthane. Ce manque d'intérêt apparent pour le méthane ou les autres gaz à effet de serre est sans doute à mettre en relation avec l'usage d'outils comptables très simplifiés destinés à évaluer leur rôle dans les politiques de réduction. Tellement simplifiés qu'ils en deviennent erronés quand il s'agit de chiffrer les émissions des différents gaz en tonnes d'équivalent CO2. #
(D'après Benjamin Dessus, Bernard Laponche, Hervé Le Treut. La Recherche n°417. 01/03/2008. Et site Global Chance)
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— Mort aux vaches ! : elles rotent du méthane !
— Oui, on sait.
— Mais les kangourous ?

LES KANGOUROUS CONTRE L'EFFET DE SERRE
Les Australiens travaillent depuis quelques années sur la réduction des pets et rots des ruminants, à l’origine d’importantes émissions de méthane. L’enjeu est de taille, puisque les flatulences des ruminants seraient à l’origine de 14 % des GES émis par l’Australie. Sans oublier la consommation de viande pose le problème de la ressource alimentaire globale : il faut 5 kg de protéines végétales pour obtenir 1 kg de protéines de poulet, ou 7 kg de protéines végétales sont pour obtenir 1 kg de protéines de porc. Donc toujours davantage de surface cultivable, d’eau et d’énergie.
Manger moins de viande, OK, et si on garde encore quelques vaches pour faire du Camembert et du Milka Suchard, les empêcher de roter et péter.
Donc des scientifiques tentent d’isoler des bactéries propres aux kangourous, car leur digestion ne produit presque pas de méthane grâce à la présence de bactéries acétogènes sources de gaz acides sans influence sur l’effet de serre. (Pourtant, quand on les voit sauter, on pourrait les croire pétopropulsés…)
Mais isoler ces bactéries devrait prendre encore trois ans ; ensuite, il s'agira de les transplanter dans le tube digestif des vaches et des moutons ; et ce n’est qu’alors que nous saurons si ces bactéries peuvent y vivre, s’y reproduire et, au final, réussir à s’imposer aux micro-organismes méthanogènes… 


http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2912
(Légèrement réécrit par moi…)
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(J'ai pêché la plupart de ces infos techniques chez Jancovici, l'INRA, Wikipédia, Actu-environnement, Univers-nature et Global Chance)
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Illus pour "C'est dans la poche", 
in Sourires Unanimes, Hervé Rousseau

1 commentaire:

lichtfus a dit…

Superbe! Je suis ravi de découvrir le dessin en couleur!
Je suis aussi un des dessinateurs ( le portrait en 4 ème de couverture d'Hervé Rousseau)
A bientôt, au plaisir d'avoir de vos nouvelles!