LO N° 376 (16 mai 2010)
SUITE 13 - RETOUR SUR LES PRINCIPAUX GAZ A EFFET DE SERRE
La vapeur d'eau est le plus important des gaz à effet de serre (72 % de l'effet de serre total). Mais elle ne contribue pas au réchauffement climatique, c'est-à-dire à l'excès d'effet de serre. Elle crée simplement l'effet de serre naturel et bienfaiteur, celui qui permet la vie sur la planète, celui sans lequel nous n'existerions tout simplement pas. (L'EAU, donc = la vie, on le sait). Cela surtout tant qu'elle est sous forme de vapeur (invisible). Quand elle se condense et se forme en nuages, elle serait plutôt, comme dit dans la "suite 12", protectrice. (Je simplifie : en gros, les nuages, par en dessus, protègent du rayonnement solaire : ils en renvoient dans les 30% vers l'espace ; par en dessous, ils concourent à conserver la chaleur…)
Le gaz carbonique ou dioxyde de carbone (CO2). Émis par notre respiration et toutes les combustions. Absorbé par les plantes et les algues. Notre physiologie est fondée sur le carbone, de même que tout ce qui brûle. Ce n'est pas par hasard que le charbon s'appelle charbon. Le CO2 est naturel et indispensable. Sans CO2, pas de plantes, pas d'arbres, pas de vie. On devrait même arrêter de dire que c'est un polluant. (L'huile de vidange, oui, c'est un polluant). Quand EDF ou Areva fait du greenwashing publicitaire en proposant comme but : CO2 = zéro, c'est une grosse connerie.
La question, c'est celle de sa proportion dans l'air. Dans un sous-marin, il y en a vingt fois plus que la normale, ça n'empêche pas de respirer. (Mais ça fait monter la T°).
Fonder toute la lutte contre le réchauffement climatique en s'appuyant sur les émissions de CO2 dues aux activités humaines est sans doute une simplification douteuse. J'ai défendu cela en disant que c'était en tout cas un bon symbole, voire un bon "prétexte". Y en a qui n'ont pas aimé. (J'y reviendrai, puisque le thème de cette chronique est orienté principalement vers les climato-négateurs, dits aussi climato-sceptique – et je n'en suis pas devenu un, même si le doute, le scepticisme, l'esprit critique font partie de ma démarche personnelle… et de la science.)
Le méthane (CH4) : Les émissions de méthane sont une source importante d'effet de serre. Molécule pour molécule, le CH4 est 25 fois plus "efficace" que le CO2, question augmentation de l'effet de serre. De plus il contribue aussi indirectement à l'effet de serre en diminuant la capacité de l'atmosphère à oxyder d'autres gaz à effet de serre (comme les CFC). Au total, il contribuerait à ± 20 % du réchauffement global estimé.
Si le CO2 est favorable à la végétation, le méthane, par contre, n'est bon pour personne, dans la nature. Personne ne s'en nourrit, autant que je sache (En gros, c'est du déchet). (Mais peut-être a-t-il quelque part un rôle positif que j'ignore… Si quelqu'un a des tuyaux…)
Incolore, inodore, plus léger que l'air. Il est issu de la fermentation des matières organiques animales ou végétales, fabriqué par des bactéries en milieu anaérobie (= sans oxygène O2). Il provient donc surtout de la décomposition organique naturelle (feuilles mortes, vases des marécages…) Certaines espèces (termites) peuvent en produire des quantités significatives. La riziculture en produit abondamment. Et tous les élevages. Présence dans nos tubes digestifs et donc dans nos pets (ou flatulences) (mais c'est pas lui qui pue) et encore plus dans les panses des vaches qui en rotent un max.
En plus de ces productions organiques, les volcans en émettent aussi. Présence donc "au centre de la Terre" : le grisou dans les mines. Le gaz naturel que l'on pompe pour nos chaudières est composé principalement de méthane. (Quand "ça sent le gaz", c'est une odeur qui a été ajoutée pour des raisons de sécurité).
Il est aussi piégé par le froid sous forme d'hydrates de méthane (clathrates que j'ai déjà largement évoquées) au fond des océans nordiques, et dans le pergélisol (ou permafrost).
C'est aussi un sous produit de l'industrie pétrolière. Comme on sait pas quoi en foutre, on le brûle (de moins en moins) dans des torchères au lieu de le récupérer pour mettre dans nos cuisinières, voire le liquéfier pour en faire de l'essence. On en fait quand même (de plus en plus) du gaza de ville, dit biogaz quand il est d'origine organique (lisiers de porc) Sa combustion produit du CO2, ce qui est moins grave que l'émission libre du CH4 brut.
Comment s'en débarrasser ? Dans l'atmosphère, il est totalement éliminé en une dizaine d'années par photochimie. Les deux principaux puits du méthane (c'est-à-dire les mécanismes responsables de sa disparition) sont l'oxydation chimique par les radicaux OH (qui sont en quelque sorte des détergents atmosphériques) et la photodissociation directe sous l'effet des rayonnements ultraviolets. Le premier mécanisme, très rapide (une ou deux années), explique la durée de vie très faible du méthane dans l'atmosphère. La destruction du méthane par les ultraviolets est un phénomène plus lent, qui prend environ 100 ans.
Prospective : Les variations futures des émissions de CH4 sont incertaines. A priori, on prévoit une augmentation des apports de l’énergie fossile, des déchets, des sources agricoles et marines du fait du développement de la population mondiale, de l’industrialisation de certains pays et de la demande croissante en énergie, ainsi que du réchauffement climatique. Mais, en contradiction avec ces prévisions, l'évolution de la concentration en méthane semble marquer le pas (2007). (Mais je reparlerai du méthane.)
Les halo carbures : C'est une classe de composés chimiques, qui contiennent du carbone et un ou plusieurs atomes appartenant à famille des halogènes, comme le fluor et le chlore. Les plus importants de ces halo carbones, pour ce qui est de leur participation au réchauffement de la planète, sont les chlorofluorocarbones (CFC, aussi connus sous leur nom de marque de Fréon). Ils sont aussi connus pour être responsables du fameux "trou dans la couche d'ozone", mais pas de confusion : le trou en question n'est pas responsable du réchauffement climatique. (Bientôt un chapitre sur le sujet).
Le protoxyde d'azote (N2O)
Dans le langage courant, l'azote (N) désigne le gaz diatomique diazote N2, constituant majoritaire de l'atmosphère terrestre (presque les 4/5 de l'air, 78 %, en volume). Seul (sans oxygène), il n'est pas respirable.
Il n'a pas de rôle dans la dégradation de la couche d'ozone ni dans l'effet de serre.
Par contre, le protoxyde d'azote (N2O), oui : comme le CO2, le N2O est présent naturellement dans l'atmosphère. Le sol et les océans sont les principales sources naturelles de ce gaz. C'est un puissant gaz à effet de serre qui subsiste longtemps dans l’atmosphère : environ 120 ans. Son potentiel de réchauffement est 275 fois celui du CO2 (Certains disent même 310 fois).
Outre sa présence naturelle, il est également produit par la combustion de matières organiques et de combustibles fossiles, par l’industrie : production d'acide nitrique, d'acide adipique, de caprolactame, de glyoxal et d'acide glyoxylique. Donc si vous voyez des molécules de ces saloperies dans votre soupe ou votre dégivrant, boycottez !
Sa production dans les sols est fortement augmentée par la fertilisation azotée.
Ce qui veut dire que l’agriculture est le principal émetteur de N2O (76 % des émissions, en France).
Eq.C ou PRG
Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que les scientifiques (du GIEC en particulier), pour pouvoir comparer de manière pratique les émissions de chaque gaz, en fonction de leur impact sur les changements climatiques et faire des calculs globaux et des projections, ont créé une unité commune : l'équivalent CO2 ou équivalent carbone (Eq.C) ; un peu comme on compte l'énergie en équivalent pétrole, qu'elle provienne du bois, du charbon, du gaz ou des pets de nonne.
L'équivalent CO2 est aussi appelé potentiel de réchauffement global (PRG), ce qui dit bien ce que ça veut dire. Il vaut 1 pour le dioxyde de carbone CO2 qui sert de référence. Le PRG d'un gaz est la masse de CO2 qui produirait un impact équivalent sur l'effet de serre. Par exemple, le méthane a un PRG de 25, ce qui signifie qu'il a un pouvoir d'effet de serre 25 fois supérieur au dioxyde de carbone. (Mais je reviendrai sur la question importante du PRG du méthane.)
Cela veut dire aussi, et c'est très important au niveau de la communication sur le sujet, de notre compréhension, et de celle des décisionnaires politiques, que quand on (le GIEC) parle des émissions humaines de GES, on ne parle pas que du CO2 lui-même, mais en fait d'une globalité : TOUS les GES recalculés en équivalent CO2.
Du coup, on serait justifié de ne pas se polariser sur le CO2 en lui-même, mais de se préoccuper vertement des autres gaz à effet de serre que je viens de citer : méthane, halo carbures, protoxyde d'azote.
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1 commentaire:
Merci Dr Caza, voilà qui explique et clarifie aussi efficacement qu'opportunément. :)
Concernant l'utilité du méthane, c'est vrai que c'est pas super évident de lui en trouver une, même purement décorative. En revanche, il semble qu'il y en ait beaucoup sur Titan. Si jamais une forme de vie s'est développée là-bas qui aurait besoin de méthane comme nous avons, nous, besoin d'oxygène, ben va savoir... Le jour où nous entrerons en contact avec ces lointains voisins, ça les arrangera peut-être de récupérer notre excédent de méthane, et en échange ils nous fileront, heu... je sais pas, des batteries à hydrogène, une technologie anti-gravité, des tablettes de chocolat ?
Va savoir... Comme dit l'autre, il y a plus de choses dans le ciel et sur la Terre que n'en peut rêver toute notre philosophie. ;)
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