jeudi 17 juin 2010

ACTU ENDOTIQUE (ou presque)

LO N° 384 (18 juin : rappel)

CATAPOSTROPHE ENDOTIQUE

Lors d'une tempête comme Xynthia, ou les inondations de ces derniers jours dans le Var, comme lors de tout grand accident climatique : neige, tempête, inondation, orage, séisme…, l'électricité et, partant, l'électronique sautent. Du coup, les administrations comme les commerces se retrouvent en panne, paralysés. Tout le monde n'a pas un groupe électrogène de secours, comme les hôpitaux. (La gendarmerie et les pompiers, peut-être ?) Tout le monde n'a pas des protections anti-foudre efficaces sur son ordinateur, son téléphone, son modem. Pertes de données garantie.
De même les routes et les voies de chemin de fer sont coupées. Tout le monde n'a pas un 4x4 de montagne. Paralysie.
Du coup, le désastre a un côté "table rase", compteurs à zéro. Inertie. Après la catastrophe, il ne se passe plus rien – parce que il ne peut plus rien se passer. Sans électricité, il ne peut plus rien se passer. Sans voitures, sans routes, sans trains, on ne peut plus se déplacer. On ne peut plus rien, sauf prendre un balai et nettoyer devant chez soi.
••••••••••

Des dons ! Des dons !
Ensuite, viennent des « orgasmes de l'empathie. La catastrophe, c'est la société idéale. »
••••••••••


« Jusqu'à présent, nous pouvions confortablement considérer les catastrophes comme des phénomènes exotiques : tsunamis en Indonésie, tremblement de terre en Haïti, nous y assistions par médias interposés.[…] vivre à l'ère de l'accident intégral signifie que la catastrophe est endotique et non exotique – c'est nous qui l'habitons. »

Aujourd'hui nous sommes confrontés à une barbarie qui naît des méfaits (dégâts) du progrès. Si on intègre cette dimension endotique du péril écologique, on doit fonder une "université du désastre" où les scientifiques de tous bords travailleront à affronter les dangers planétaires.
Les côtes marines sont la nouvelle frontière. L'humanité s'y est imprudemment entassée. Déluges, raz de marée, typhons vont contrarier notre propension à nous installer au bord de l'eau. La côte est notre limite du monde. La plage est le lieu de l'affrontement : débarquement allié, échouage d'immigrants clandestins, marées noires. Endiguer ou fuir ? La crise financière naît aussi d'une incapacité à endiguer des flux, ceux des "capitaux flottants". C'est le mouvement, l'accélération qui gagne sur l'accumulation, le déplacement sur le placement, les marchés sur les économies. La mer gagne toujours. Le liquide gagne sur le solide.
L'État rembourse les dégâts qui viennent du sol. Les compagnies d'assurance ceux qui viennent du ciel. Autrement dit, l'État gère le solide, le territoire cartographiable. Pour le fluide, l'atmosphère, il n'y a pas possibilité d'appartenance délimitée, il y a donc besoin d'entités abstraites, déterritorialisées, mondialisées : les compagnies d'assurance internationales. Mais mieux, il y a besoin, au delà de la géopolitique, d'une météopolitique. Ce qui veut dire une ONU climatique.
(Inspiration générale et citations d'après Paul Virilio. PhiloMag38)
••••••••••

"ON A TOUT PERDU !"
AZF… ou Xynthia… ou n'importe qu'elle inondation…
Dans une société fondée sur le crédit, il y a dans la manière dont nous vivons les catastrophes, un traumatisme supplémentaire, tant psychologique que financier, lié aux emprunts, aux dettes. Les victimes perdent des objets (maisons, voitures, appareils…) qu'ils n'ont pas fini de payer. Et voilà qu'il faut continuer de payer (assurance aidant) pour des objets que l'on n'a plus, dont on n'a pas joui tout notre saoul, puisqu'ils n'étaient pas encore vraiment à nous ; et dans le même temps, il faut racheter, c'est-à-dire se mettre à payer pour le nouvel objet qui va remplacer le disparu.
(Haïti, c'est différent : ils n'avaient rien.)


••••••••••

L'eusse-tu-crue ?
Lu dans un forum : Nous sommes des moutons qui font l'autruche même lorsqu'ils ont le nez dans la merde.
Un autre : Faut pas brûler la peau de l'ours avant de l'avoir vendue.
••••••••••

Arrêtons d'overpackager !
http://www.over-packaging.eu/
••••••••••

Christine Boutin a failli toucher 9500 € par mois pour une mission gouvernementale sur les conséquences sociales de la mondialisation. C'est sûr qu'il y a du boulot : une recherche Google, une page Wikipedia, deux ou trois livres à lire. On peut fournir les références et rendre les conclusions à sa place : la mondialisation, c'est mal. (D'ailleurs jésus l'a dit.)
••••••••••

Cinq présentatrices télé d'Al Jezeera démissionnent : elles en ont marre de subir des remarques et pressions islamo-machiste concernant leur tenue vestimentaire, pourtant bien correcte. Elles envisagent de quitter le Qatar.
Viendez ! A la place, on leur refile quelques centaines de femmes intégralement voilées de leur plein gré.
••••••••••

Paris sera toujours pari.
La Société Générale pratiquait les paris en ligne bien avant leur autorisation. Jérôme Kerviel, "le tradeur fou", n'y est pour rien.
••••••••••

CO(Q)UILLE
Selon un message signé "une femme" affiché sur un panneau d'information lumineux à Lyon, la première coquille protectrice des couilles a été utilisée au hockey sur glace en 1874. Le premier casque de moto en 1974. Cela a donc pris cent ans aux hommes pour comprendre que le cerveau aussi est important !
(Je suis un peu sceptique sur le premier casque apparaissant en 74, peut-être son obligation… mais bon, c'est quand même vrai que le cerveau aussi, c'est important !)
••••••••••

Colère
On est toujours libre de changer de banque, oui. Mais quand on est dans la sienne depuis des dizaines d'années, et qu'on y a domicilié tout un tas de règlements par virement automatique, impôts abonnements, EDF et revenus par virement automatique, sécu, salaires, etc. c'est hyper compliqué.
Pour changer de banque, il faut vraiment être très en colère.
••••••••••

PIP PIP !
— 400 femmes portent plainte contre Poly Implant Prothèse pour cause de prothèses mammaires en gel de silicone défectueuses.
— 400 femmes, ça fait 800 seins ! Le rêve !
— L'article ne dit pas dans quel tribunal se fera l'expertise………
••••••••••

43ème mort français en Afghanistan
— Dans le temps, on médaillait en grande pompe les grands tueurs militaires nationaux.
— Désormais on ne médaille publiquement que des petits morts, des pauvres gamins devenus militaires pour cause de chômage.
— Mais pourquoi on les envoie là-bas, aussi ? Tuer des kamikazes, c'est du temps perdu.

— Des familles portent plainte contre l'armée pour la mort des soldats en Afghanistan : il y aurait eu "mise en danger de la vie d'autrui".
— C'est la définition de la guerre, ça, non ?
— Oui, mais une guerre sans morts, ça serait plus moderne.

— Par ailleurs, on révèle que le sous-sol de l'Afghanistan serait bourré de minerais : or, cobalt, fer, lithium.
— Ça espique. Surtout le lithium.
••••••••••





1 commentaire:

Bruno Bellamy a dit…

C'est Boris Vian qui faisait remarquer, pertinemment, que de toute façon la guerre c'est du chiqué, vu qu'il y a toujours des survivants...

Sur l'argument "colère" : on peut aussi changer fréquemment de banque, ça arrive à ceux qui ont la colère facile et la sanction prompte (j'en suis). L'ennui c'est qu'on s'aperçoit alors qu'il n'y en a, littéralement, pas une pour racheter l'autre : on y trouve à peu près le même dosage d'incompétence et d'irresponsabilité. C'est flagrant, inquiétant, sidérant. Sans blague, je n'imaginais pas que c'était à ce point là, et l'expérience me montre et me démontre qu'en matière bancaire le pire n'est jamais sûr.
Il faut dire que dans un monde où le degré de réussite se mesure à la hauteur du compte en banque, les banquiers, qui mettent sur leur compte les sous du restant de la population, sont en quelque sorte au sommet de la pyramide de la réussite sociale. Comment, dans ce cas, pourraient-ils s'imaginer rater quoi que ce soit, se remettre en question, chercher à s'améliorer ou, du moins, à bien faire ?
Pour une gaffe de quelques euros, ma banquière me compte des pénalités. Quand c'est elle qui se goure, gravement et stupidement, lors d'une opération qu'elle me facture plusieurs centaines de ces mêmes euros, elle se justifie par "l'erreur est humaine". C'est officiel : ce n'est plus le pape qui est infaillible, mais la banque. :)
Ce qui me fait le plus marrer, c'est le mépris affiché par ces braves gens quand ils reçoivent un auteur de bande dessinée -dont le compte affiche forcément des hauts et des bas fort irréguliers- pour une demande d'emprunt : pour eux, nous n'avons pas un "vrai métier". Pourtant, ces manipulateurs de l'argent d'autrui ne produisent rien, ne fabriquent rien, n'ont même pas de richesse propre (ils ne font que prélever du profit sur la richesse des autres pour constituer la leur) et, en fin de compte, sont l'archétype même du parasite. Ce sont EUX qui n'ont pas un "vrai" métier. Et il est toujours extrêmement surréaliste de les voir présenter les choses comme si c'était l'inverse. Encore ce syndrôme de la "réussite par l'argent", aggravé, évidemment, par l'évidence de leur impunité : ils perdent quelques milliards ? Pas de souci, l'état va trouver les ressources (étrangement introuvables lorsque la crise portait sur l'emploi, le logement, la misère, ou l'éducation) pour les dépanner. Là encore, aucune remise en question n'est possible, puisque leurs erreurs, du coup, n'en sont plus. Comme les varans, les banques, privées de tout moyen de remise en question et donc d'évolution, vont devenir des fossiles vivants, des dinosaures modernes.