dimanche 1 décembre 2013

L'ISLAM ET LA LIBERTÉ DE LA PRESSE


Quand l'État fait auprès des enfants une campagne anti-obésité, il ne peut pas interdire les spots publicitaires pour des barres céréales-chocolat. Dommage ? Oui, sans doute. Il y a quand même des systèmes de contrôle de la pub, contrôles que les producteurs de pub travaillent sans cesse à détourner, un peu comme les hackers travaillent sans cesse à craquer les codes anti-piratage. Escalade symétrique.
Le problème, c'est que le producteur de barres céréales-chocolat ne veut qu'un truc : vendre ses saloperies, faire du chiffre. Toute régulation de la pub ou de la distribution est qualifiée d'entrave au commerce, crime majeur en société néolib. L'Eglise du Saint Commerce, secte la plus puissante du monde, se conduit comme les religieux qui exigent non seulement la liberté de croire et de pratiquer, mais encore que rien ne puisse entraver leur culte (et son expansion), ni critique, ni moqueries.
A la limite, on n'a même pas le droit d'en parler : un prof qui photocopie des pages du Coran pour préparer un cours sur la religion se fait engueuler comme sacrilège par ses élèves. Au début de son Traité d'athéologie, Michel Onfray témoigne de sa discussion avec un musulman choqué du fait que lui, incroyant, lise le Coran et puisse en citer des sourates. Où est la tolérance ?
A la limite, afficher son athéisme peut être vu comme une agression, une entrave à la liberté de croire. Le même Michel Onfray reçoit des menaces de mort, juste pour avoir cité les sourates guerrières (destruction des infidèles par l'épée), antisémites et misogynes.
Pour ma part, question liberté d'expression, je ne suis pas sûr qu'il faille autoriser la pub pour les barres chocolatées (comme pour l'alcool ou le tabac), parce qu'il s'agit de pub – à but lucratif, donc, c'est-à-dire pas vraiment du domaine de "l'expression". Par contre je tiens beaucoup à ce qu'on soit libre de critiquer une religion, comme un parti politique ou une nation, de caricaturer, de moquer. La limite entre "opinion sur–" et "injure à–" étant la pierre d'achoppement de cette liberté. Quand Houellebeck déclare dans une interview : « L'Islam, c'est quand même la religion la plus con, non ? », c'est une opinion. La brutalité de l'expression en fait-elle une "injure pour tous les croyants" ?  (Et il y aurait nombre d'exemples plus récents, côté Charlie-Hebdo, par exemple… J'en reparlerai.)
Que ceux qui sont vexés fassent un procès. À la Justice de trancher. La Justice laïque d'un pays laïc.

— Touche pas à ma religion !
— Touche pas à ma laïcité !


Dessin paru dans Psikopat. A retrouver très bientôt dans un nouveau recueil de dessins de presse : "Y en aura pour tout le monde (ou pas ?)"

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