Non, il ne s'agit pas de
poésie écolo-naïve. C'est un besoin fondamental, comme la nourriture, l'eau,
l'air, le soleil, la pluie… toutes choses qui, d'ailleurs, font partie de
"la beauté".
La beauté, bien sûr, c'est
telle œuvre musicale, architecturale, picturale, littéraire. L'œuvre d'art.
Mais celle dont je veux
parler, celle qui est un besoin fondamental, anthropologique, comme le boire,
le manger, comme dormir ou se reproduire, ça date de toujours, d'avant l'homme,
même… (Quoique le point de vue humain et le langage humain soient nécessaires
pour la définir…) C'est dans nos gènes, dans notre patrimoine génétique, nos
racines biologiques ancestrale. Ce qui justifie de dire "avant
l'homme" : nos ancêtres hominiens, pré-hominiens, simiens,
mammifères, vivaient (et encore la majorité des humains jusqu'au XIXème siècle)
dans des environnements naturels, ou naturels humanisés, la nature… ou la nature
cultivée, culturée.) Là est "la beauté". Le "fond de la
beauté", si je puis dire, fait de paysages, ciel, arbres, herbe, rivières,
et, oui, petites fleurs et petits oiseaux, ou gros… et tigres et mammouths et
éclairs, tonnerre, éruptions volcaniques, nuages, tempêtes, cascades…
Les bases de la beauté, les
fondements, les fondamentaux sont dans "la nature". Y compris le
corps humain – nu. Pourquoi croyez-vous que les peintres, encore
aujourd'hui, peignent des paysages ? (Si, si, il en reste…) Que les
dessinateurs, aujourd'hui, dessinent du nu ? Que les musiciens se mettent
à l'écoute du vent, des chants d'oiseau ou du chant modal des peuples
primitifs ? Les canons de "la beauté" se trouvent dans la
branche d'arbre, les feuilles, les plumes (et pas besoin du spectaculaire paon,
regardez de près la moindre plume du noir choucas), un os, l'arrangement subtil
des muscles, tendons, os d'un bras d'homme, ou de la cuisse d'une femme… dont
les aisselles et clavicules peuvent être aussi sublimement belles.
Après, rien n'interdit de
s'extasier, comme Baudelaire ou Rimbaud, sur une charogne ou une vieille trogne
alcoolique, comme Monet sur les vapeurs de locomotives dans la Gare Saint-Lazare,
rien n'interdit de voir la beauté dans une carcasse de voiture incendiée, comme
il y en a une pas loin de chez moi et qui, rouillant, devient de plus en plus
belle.
Je n'en finirais pas de
citer le grain d'un vulgaire caillou, l'aile d'une mouche, le velouté d'un
plâtre, le lisse d'une faïence – terre et main de l'homme et feu – Et
je n'en finirais pas de déplorer et de m'apitoyer sur la laideur des cités nouvelles,
des périphéries urbaines publicitaire, des objets quotidiens que nous laissons
(consentants) envahir nos entours, intérieurs et extérieurs.
Nous en sommes réduits à
défendre, à sauvegarder, à sauver, préserver à tout prix les beautés
naturelles, paysages, tribus, espèces – dont la nôtre. Et aussi nombre de
beautés culturelles, châteaux, lieux de cultes, simples fermes ou ateliers ou
outils faits de la main de l'homme pour la main de l'homme. S'il nous faut
ainsi les préserver, dépenser une telle énergie à les sauver, c'est bien que
nous sommes passés "de l'autre côté". C'est bien qu'entre le tronc
d'arbre et le poteau EDF béton, il y a eu une rupture fondamentale qui fait
qu'on en vient à apprécier à sa juste beauté le vieux poteau télégraphique en
bois avec ses isolateurs en céramique. (N'est-ce que de la nostalgie ?)
(à suivre)
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3 commentaires:
"... peuvent être aussi subliment belles."
Même les coquilles peuvent être sublimement belles !
La beauté sublimée en somme.
Merci.
C'est corrigé !
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