dimanche 9 février 2014

LE DROIT À LA BEAUTÉ / 1


Non, il ne s'agit pas de poésie écolo-naïve. C'est un besoin fondamental, comme la nourriture, l'eau, l'air, le soleil, la pluie… toutes choses qui, d'ailleurs, font partie de "la beauté".
La beauté, bien sûr, c'est telle œuvre musicale, architecturale, picturale, littéraire. L'œuvre d'art.
Mais celle dont je veux parler, celle qui est un besoin fondamental, anthropologique, comme le boire, le manger, comme dormir ou se reproduire, ça date de toujours, d'avant l'homme, même… (Quoique le point de vue humain et le langage humain soient nécessaires pour la définir…) C'est dans nos gènes, dans notre patrimoine génétique, nos racines biologiques ancestrale. Ce qui justifie de dire "avant l'homme" : nos ancêtres hominiens, pré-hominiens, simiens, mammifères, vivaient (et encore la majorité des humains jusqu'au XIXème siècle) dans des environnements naturels, ou naturels humanisés, la nature… ou la nature cultivée, culturée.) Là est "la beauté". Le "fond de la beauté", si je puis dire, fait de paysages, ciel, arbres, herbe, rivières, et, oui, petites fleurs et petits oiseaux, ou gros… et tigres et mammouths et éclairs, tonnerre, éruptions volcaniques, nuages, tempêtes, cascades…
Les bases de la beauté, les fondements, les fondamentaux sont dans "la nature". Y compris le corps humain – nu. Pourquoi croyez-vous que les peintres, encore aujourd'hui, peignent des paysages ? (Si, si, il en reste…) Que les dessinateurs, aujourd'hui, dessinent du nu ? Que les musiciens se mettent à l'écoute du vent, des chants d'oiseau ou du chant modal des peuples primitifs ? Les canons de "la beauté" se trouvent dans la branche d'arbre, les feuilles, les plumes (et pas besoin du spectaculaire paon, regardez de près la moindre plume du noir choucas), un os, l'arrangement subtil des muscles, tendons, os d'un bras d'homme, ou de la cuisse d'une femme… dont les aisselles et clavicules peuvent être aussi sublimement belles.
Après, rien n'interdit de s'extasier, comme Baudelaire ou Rimbaud, sur une charogne ou une vieille trogne alcoolique, comme Monet sur les vapeurs de locomotives dans la Gare Saint-Lazare, rien n'interdit de voir la beauté dans une carcasse de voiture incendiée, comme il y en a une pas loin de chez moi et qui, rouillant, devient de plus en plus belle.
Je n'en finirais pas de citer le grain d'un vulgaire caillou, l'aile d'une mouche, le velouté d'un plâtre, le lisse d'une faïence – terre et main de l'homme et feu – Et je n'en finirais pas de déplorer et de m'apitoyer sur la laideur des cités nouvelles, des périphéries urbaines publicitaire, des objets quotidiens que nous laissons (consentants) envahir nos entours, intérieurs et extérieurs.
Nous en sommes réduits à défendre, à sauvegarder, à sauver, préserver à tout prix les beautés naturelles, paysages, tribus, espèces – dont la nôtre. Et aussi nombre de beautés culturelles, châteaux, lieux de cultes, simples fermes ou ateliers ou outils faits de la main de l'homme pour la main de l'homme. S'il nous faut ainsi les préserver, dépenser une telle énergie à les sauver, c'est bien que nous sommes passés "de l'autre côté". C'est bien qu'entre le tronc d'arbre et le poteau EDF béton, il y a eu une rupture fondamentale qui fait qu'on en vient à apprécier à sa juste beauté le vieux poteau télégraphique en bois avec ses isolateurs en céramique. (N'est-ce que de la nostalgie ?)
(à suivre)
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3 commentaires:

Bruno Smulkowski a dit…

"... peuvent être aussi subliment belles."

Même les coquilles peuvent être sublimement belles !

Bruno Smulkowski a dit…

La beauté sublimée en somme.

Philippe Caza a dit…

Merci.
C'est corrigé !