samedi 5 avril 2014

CORMORAN


Contrairement au poète que ses ailes de géant empêchent de marcher, le cormoran des Galapagos est aptère, c'est-à-dire n'a quasiment plus d'ailes, des moignons atrophiés vaguement emplumés, il ne vole donc pas, depuis qu'il s'est installé dans ces iles, mais par contre il marche très bien sur ses petites pattes et nage encore mieux, propulsé par ses pieds palmés, ce qui en fait la terreur des poissons du coin. Point. C'est aussi qu'il n'a pas besoin de voler : abondance de poissons, pas de prédateurs.
En l'occurrence, c'est une adaptation par le moins : de génération en génération, les ailes régressent. L'espèce n'en a pas besoin pour sa survie, les conserver serait plutôt un handicap (baudelairien mais handicap quand même), donc l'espèce laisse tomber. Vu les vestiges moches qui restent, on peut supposer que le processus n'est pas totalement abouti et on attend le cormoran du futur devenu aussi aptère que le cochon de lait ou la fourmi ouvrière.
— Remarque : le poème de Baudelaire auquel tu fais allusion, c'est un albatros pas un cormoran…
— Je sais, mais on s'en fout.


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