vendredi 4 avril 2014

GALAPAGOS


— Sur une ile des Galapagos, après l'arrivée d'une petite abeille exdémique…
— Hum… "allogène", plutôt, non…?
— … venue d'ailleurs, oui… les plantes à fleurs se sont adaptées à sa présence : "pour" profiter au maximum de la pollinisation, elles ont fourni de préférence des fleurs jaunes ou blanches, les couleurs "préférées" de l'abeille en question. Total : succès végétal : l'ile s'est couverte de buissons à fleurs… et succès de l'abeille qui a désormais plein de fleurs à butiner.
— Mais comment les plantes savaient-elles que ces couleurs sont les préférées de ces abeilles ? Et comment peuvent-elles décider de ne produire que des fleurs de ces couleurs-là ?
— Elle ne savent pas. Elles ne décident pas. Et les couleurs ne sont pas préférées. Ce qui ne va pas c'est notre vocabulaire. Il faudrait arriver à parler sur un mode impersonnel éliminant toute intention, toute volonté et exprimant quelque chose qui tient à la fois du hasard et du destin ou de la nécessité (termes aussi inadaptés) : s'il y a ces abeilles-là, il faut qu'il y ait ces buissons-là avec ces fleurs-là, c'est tout. D'ailleurs, si cette conjonction ne s'était pas produite, n'avait pas émergé, les buissons seraient restés rachitiques et les abeilles auraient disparu, si bien qu'on ne serait pas là à en discuter.
— C'est un peu comme la question idiote "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?", donc.
— Eh oui, d'ailleurs, pourquoi ?
— Parce que s'il n'y avait rien, on ne serait pas là à en discuter.


Aucun commentaire: