jeudi 3 avril 2014

SELON PHILIPPE DESCOLA


- Le Naturalisme, c'est l'idée que seuls les humains sont pourvus d'une intériorité.
- L'Animisme, au contraire, conçoit que les non-humains ont une vie culturelle et sociale. Dans cette vision des choses, les hommes entretiennent avec les animaux des relations d'affinité, comme une parenté. (Ce qui n'exclut pas la distinction biologique, physique.)
- Le Totemisme, lui, met en partage entre humains et non-humains des qualités physiques et morales : couleur de peau, rondeur ou angularité, vivacité ou lenteur…
- L'Analogisme serait "un monde perçu comme une infinité de singularités." (En Chine, on parlait des "10 000 essences".)

LE NATURALISME
« L'homme, cet animal déserteur de la zoologie. » (Cioran)
La séparation de l'homme et de la nature se serait faite par étapes. Chez les Grecs antiques, la nature était physis = objet soumis à des lois. Le Christianisme amène l'idée de transcendance : un dieu créateur situé hors de la nature et qui aurait donné à l'homme un statut spécial qui le met lui aussi hors de la nature. La révolution scientifique, aux 17ème, 18ème siècles tend à cadrer le monde, en isoler des parcelles pour les observer (microscope) et ainsi pouvoir les décrire réalistement : la nature est objet observable objectivement, elle est donc séparée. La science nourrit la technique qui nourrit la science. Tout cela marquant une main-mise de l'homme sur la nature, ou, plus trivialement, des humains sur le monde autour d'eux, devenu extérieur, donc exploitable, corvéable à merci.

Partant de là, les hommes abusent de leur emprise sur le monde naturel devenu somme de ressources. Ils traitent la nature comme ils se traitent entre eux, ou vice-versa : c'est l'ère industrielle et colonisatrice. Le système STIC s'est mis en place = Science > Technique > Industrie > Commerce, que Edgar Morin nomme le quadrimoteur. (Bien se rappeler, malgré mes petits signes fléchés > que chaque élément se nourrit de chacun des autres et nourrit chacun des autres.)
Partant de là, et face à l'état dans lequel nous, société "naturaliste" selon cette définition de Philippe Descola, nous sommes tentés de glorifier les sociétés animistes, les sauvages, les primitifs. « Mais gardons-nous de tout angélisme : si les sociétés animistes vivent en équilibre avec leur environnement, c'est d'abord parce que la densité de leur population et leurs moyens techniques ne leur permettent pas d'aller au delà d'une certaine "prise" sur lui. » Autrement dit, les indiens et autres peuples primitifs ne sont pas des écologistes. Il dit encore : « Combiner un optimisme de la volonté avec le pessimisme de la lucidité. » Et encore : « Comment convaincre des millions de petits-bourgeois chinois qui aspirent à avoir une voiture que ce n'est pas une bonne idée ? » (Philippe Descola, anthropologue, in Télérama hors-série "Bêtes et hommes", 2007.)

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