mercredi 4 juin 2014

L'AMOUR ?



On peut sans doute admettre, avec Hume et Kropotkine et contre Hobbes et René Girard, que la violence n'est pas plus "première" que la solidarité. On peut même prétendre que la solidarité/sollicitude est innée : c'est l'allaitement, les soins et la protection des petits par la mère, la protection de la mère et de l'enfant par le père et les voisins, la nutrition et la protection collective et mutuelle dans la tribu… et au delà. 
En gros, on appelle ça solidarité, fraternité… ou "l'amour"… et, ethnologiquement parlant, c'est tout aussi "premier", instinctif, que la violence. La tendance à la bienveillance est naturelle, chez les animaux comme chez l'homme (ou les animaux dont l'homme). Tendance sans doute enracinée dans l'ADN puisqu'elle contribue intensément à la survie de l'espèce.
Ce qui n'empêche pas qu'on doit tout autant admettre que la rivalité est innée, et la violence qui va avec. Dans la famille, entre frères-sœurs, pour avoir la meilleure part de fourrure, de nourriture ou d'amour, dans la tribu pour avoir le poste de mâle dominant, ou de femelle favorite, ou de femelle dominante (bonobos). Puis entre tribus voisines, pour la source, le meilleur territoire de chasse ou de culture… Quant à ce qui se passe au bureau…… À un certain niveau d'évolution, de socialisation, l'inné, dit "naturel", se mêle indistinctement à l'acquis (culturel) et la question de savoir si l'homme "à l'état de nature" était bon ou mauvais devient invalide. Il est "bon" ET "mauvais", violent ET bienveillant, l'une comme l'autre de ces pulsions étant nécessaire à sa survie d'individu comme de groupe et d'espèce.
Face à un danger collectif (dépassant les enjeux internes de la famille ou de la tribu), une attaque ou une catastrophe extérieure, l'une ou l'autre peut s'activer : la violence tournée vers l'extérieur (la défense du proche ou du groupe) accompagnée de la solidarité généralisée à "tous autour" (et ce jusqu'au sacrifice de soi pour sauver enfant ou voisin)… ou la concurrence égoïste (jusqu'au sacrifice de ses propres proches pour sauver sa propre peau). Ou encore la lutte/hésitation entre ces deux pulsions naturelles/culturelles, la solidaire et l'égoïste : alternance de l'une à l'autre en fonction des circonstances et de l'évolution de la situation : ces pulsions ne sont pas des programmes gravés dans le silicone mais des potentiels qui s'activent dans un sens et/ou dans l'autre en fonction des occasions, circonstances, aléas, phénomènes…


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