samedi 7 février 2015

SOUMISSION


« Les djeun's des cités ont le choix, pour s'en sortir : le deal, le rap ou le djihad. » (Brève de comptoir apocryphe)
Cette question me titille depuis un moment. Les djeun's qui se "radicalisent" (se ridiculisent, aussi, oui), ça se passe très vite, dit-on, à chaque fois, en deux ou trois mois, "sur Internet", dit-on beaucoup… (Moi, je sais pas… je suis souvent sur Internet, je ne me suis pas "radicalisé"…) Ou en prison… ou à la Mosquée du coin, sous l'influence d'un imam autoproclamé, un prêcheur, un gourou quelconque… Pourquoi et comment si vite ?
J'en viens à soupçonner…
Quelque chose comme de l'hypnose…?
Ou de la drogue…?
Si je tape hypnose et jihad dans un célèbre moteur de recherche, j'obtiens d'abord un dentiste de la région nantaise nommé Jihad Z… chirurgien-dentiste formé à l'hypnose et aux thérapies brèves… Passons… Il doit être emmerdé, quand même, avec son prénom… Je ne trouve rien qui suggère que les recruteurs pratiquent l'hypnose. Laquelle est d'ailleurs actuellement plutôt bien vue, soit comme médecine anti douleur (d'où le dentiste) soit comme divertissement télévisuel avec un Mesmer qui hypnotise des stars à la télé et leur fait dire des bêtises…
L'hypnose induit un "état modifié de conscience" (EMC) parmi d'autres, comme le sommeil paradoxal (rêves), la méditation, la prière, la relaxation, le yoga, la grosse fièvre, la privation de sommeil, les expériences de mort imminente (NDE), les rave-parties… Mais aussi la transe chamanique ou mystique, les pathologies mentales, les intoxications sous psychotropes (alcool, cannabis, ecstasy, etc.)
TRANSE
Mais sans aller jusqu'à l'idée quelque peu romanesque d'hypnose profonde agrémentée d'ordres post-hypnotiques criminels, ou à la transe chamanique spectaculaire (possession), il faut voir que n'importe quel gourou un peu entrainé est capable de mettre un sujet en transe légère (essentiellement une relaxation corporelle et un relâchement du contrôle de l'esprit), et donc le plonger – c'est là l'essentiel – dans un état sensible à la suggestion qui peut s'accompagner de réponses et d'idées qui ne lui sont pas familières dans son état d'esprit habituel. On l'utilise par exemple dans des coachings anti-tabac, mais aussi dans toutes les sectes. (On peut aussi pratiquer ça tout seul : l'auto-hypnose est à la base de la méthode Quay…)
Pour certains praticiens et théoriciens, la transe est une amplification du champ de conscience du Moi ; pour d'autres l'état de transe est une restriction du champ de conscience et l'accès aux automatismes inconscients. (Il semble que les sujets en transe ont su répondre avec habileté aux expériences des uns et des autres en donnant raison... aux deux ! se montrant tantôt d'une manière, tantôt d'une autre, en fonction des attentes des expérimentateurs et des croyances culturelles de l'époque. Intéressant ! Le sujet donne de toute façon raison au praticien ! C'est la base de la manipulation des esprits. Soumission. Sectes. Envoutement. Ensorcèlement. Parlons aussi de la fascination sur laquelle s'appuie le fascisme. On parle de lavage de cerveau, sans doute à juste titre : restriction du champ de conscience et accès aux automatismes inconscients. C'est le cerveau bébé qui parlera, maintenant.
Quand on voit un reportage dans une école coranique, on constate que les enfants, garçons ou filles, répètent des versets en se balançant d'avant en arrière : ça rentre mieux. Le balancement crée la transe, comme d'autres mouvements, paroles répétées, musiques répétitives, chant collectifs en procession, hyperoxygénation, danse tournante (le samâ des derviches tourneurs)…
HASCHISH
Par ailleurs, je l'ai déjà évoqué, pour que le processus d'endoctrinement soit si rapide, on peut penser à une soumission chimique – à l'aide de GHB, la "drogue du viol" –, ou simplement de H.
Origine orientale, arabe, maghrébine… couramment consommé, pas seulement dans les banlieues, il provoque bien un EMC, un "état modifié de conscience" qu'on peut qualifier de transe, c'est-à-dire un état d'esprit détendu, relâché, et, partant, vulnérable, hypersensible à la suggestion. On peut supposer que les recruteurs s'en servent sur leurs sujets (sujets au sens de sujets d'expérience ET d'assujettis) ou s'adressent à des gens consommateurs réguliers déjà cramés.
Et sur place ? En Irak, en Syrie ? On manque de témoignages des "revenus" : j'ai vaguement entendu l'un (mais je ne trouve pas la référence) disant qu'on leur fait bouffer du H en grandes quantités, sur place. (Plus, peut-être du Captagon – Fénétylline chlorhydrate – une amphétamine qui suscite une certaine euphorie et insensibilise à la douleur. « Mêlé à d’autres drogues, comme du haschich, il constitue la ration alimentaire de base des jihadistes. Les combattants ne ressentent plus ni leurs souffrances, ni celles qu’ils infligent aux autres. Dès lors, ils peuvent commettre toutes sortes d’atrocités en riant. »… Des amphètes, c'est vraisemblable… Mais comme cette info provient du Réseau Voltaire, je reste très méfiant.)
LE VIEUX DE LA MONTAGNE
Pourtant l'idée des assassins bourrés de haschich n'est pas nouvelle. Dans le dernier Philosophie Magazine, et sans rapport avec les évènements de janvier, Tobie Nathan nous rappelle l'histoire du Vieux de la montagne, une légende rapportée par Marco Polo. Hassan ibn al-Sabbah aurait fondé en 1090 une secte chiite appelée nizârites ou batiniens, de l'arabe batn, "entrailles", qui prônaient une interprétation ésotérique du Coran. Dans sa forteresse d'Alamût, nid d'aigle perché à 2100 mètres d'altitude au nord de l'actuel Iran, il initiait des jeunes gens. Ceux-ci vivaient comme des moines, des professeurs leur enseignaient l’histoire du Prophète et des martyrs, un enseignement général... mais surtout l’art de la guerre et la fortification de la volonté.
Au terme de leur instruction, après leur avoir fait absorber de grandes quantités de haschich, il les conduisait dans un jardin où leur étaient offerts tous les plaisirs, ceux de la bouche et de la chair. Un paradis d'Allah peuplé de houris toujours vierges. On les ramenait inconscients dans leurs cellules et on leur faisait croire, à leur réveil, qu'ils avaient franchi les portes du paradis, pour un avant gout de la vie éternelle post mortem. Ensuite, s'ils voulaient y retourner, il leur fallait exécuter une mission suicide, sans poser la moindre question. Ainsi, d'Alamût partaient des sicaires, ou fedayin, kamikazes qui assassinaient les princes ou les chefs de guerre du camp ennemi. D'où le nom qui leur fut donné (peut-être par erreur, mais la légende est restée…), les hashashin – en arabe "consommateurs de haschich" –, terme qui aurait donné "assassin" en français.
On peut dire que Hassan ibn al-Sabbah, le Vieux de la Montagne, a inventé le terrorisme moderne, et ce à l'aide du haschich.
ALAMUT, LE ROMAN
Cette légende a donné lieu à un roman d'aventure terriblement prémonitoire du Slovène Vladimir Bartol (1903-1967) "Alamut", publié en 1938. (Traduction de Andrée Lück Gaye, Alamut, Éd. Libretto, 2012). Roman de la soumission et de la révolte de l'intelligence contre cette même soumission.
Petites citations :
« Un fedayin est prêt à se sacrifier sans poser de question, sur ordre du chef suprême. S'il meurt dans ces conditions, il devient un martyr. »
L'assassin kamikaze, véritable "poignard humain", doit « être littéralement amoureux de la mort. »
« Je partage l’humanité en deux catégories fondamentalement différentes : une poignée de gens qui savent ce qu’il en est des réalités et l’énorme majorité qui ne sait pas »
« J’ai compris que le peuple est nonchalant et paresseux. J’ai frappé à la porte de la bêtise et de la crédulité des gens, de leur concupiscence, de leurs désirs égoïstes. Les portes se sont ouvertes en grand. Je suis devenu un prophète populaire. »
Dans le roman, l'imam Hassan ibn al-Sabbah, loin de se présenter comme un fou de Dieu assoiffé de sang, est un athée pur et dur, un nihiliste dont la seule doctrine est résumée par lui-même par « Rien n'est vrai, tout est permis ». Plus charlatan que fanatique, plus illusionniste que prophète ("faux prophète"… mais il n'en existe pas de "vrais"), cet homme aussi brillant que cynique a compris qu'aucune puissance ne peut égaler celle de la foi… à condition que celle-ci soit manipulée habilement. (Dans le langage médiatique moderne, on dirait instrumentalisée… et oui : le poignard humain est bel et bien un instrument.)
« Rien n'est vrai, tout est permis… » Ou « Rien n'est réel… »
La vie est un songe ? Un songe sous LSD ? Le gourou exerce une philosophie "idéaliste" ou solipsiste : le monde n'existe que dans nos perceptions et mieux, dans nos constructions mentales. On peut douter de l'existence de tout le monde extérieur et n'affirmer que l'existence du Moi. Partant, le paradis artificiel de la drogue est aussi réel que le sang des victimes.
(Accessoirement, ce livre serait à la base de l'inspiration du jeu vidéo Ubisoft "Assassin's Creed".)


2 commentaires:

WENS a dit…

En ce moment, on cherche ce qui a bien pu merder en 30 ans pour qu'on soit passé de "touche pas à mon pote" à "allah akbar".
J'ai été à l'école dans les années 70 avec pleins de petits arabes, je n'ai pas souvenir d'avoir eu connaissance d'aucun problème lié à leur religion.
"On" a tout simplement laissé s'installer un islam radical en regardant ailleurs, comme se développe un catholicisme casse couilles qu'il faut ménager. J'attends le président des fromages qui n'ira pas lécher les babouches du pape, ( et pourquoi il aurait pas des babouches le pape ? Il est obligé de porter des mules ? ( fine allusion littéraire pour les lecteurs d'Alphonse Daudet ! )
Rasons les églises, rasons les mosquées, rasons les barbus et les laissons les poils aux pubis !

Philippe Caza a dit…

Hi Hi ! Excellent, Wens, une fois de plus !