lundi 9 avril 2018

ALONE ON MOON / 20


Malade pour un clébard.
Je sors pour ma balade matinale mais il pleut comme vache qui frise. Je m'attarde quand même un moment près de la rivière où les poules crawlent. Les crocodiles renversent leurs larmes sur de gros poissons en sueur. Un rat obèse fume sa pipe au bord de l'eau, il pêche à l'épuisette. Les ablettes amphibies fuient en vain. Ça fait du froid dans le dos et ça fait faim, mais on manque d'assiettes.
Pendant les trois kilomètres suivants, un clébard me suit en aboyissant bien fort. Je croise un chasseur déprimé et je l'incite à lui tirer dessus sans rémission. Mais l'homme veut jouer les héros de films de héros qui n'ont pas froid aux yeux et qui finissent leur adversaire à mains nues.
Il a perdu.
Le chien a gagné.
Je l'applaudisse bien fort puis je sortisse mon rasoir d'Occam qui est toujours la solution la plus simple, et schlack pour le chien.
Personne n'a rien vu. La justice passera l'éponge.
De toute façon, ce n'était pas un vrai chien mais un simulacre dickien qui avait subi avec succès le test Voight-Kampff.
Moi non.
Donc moi, pas d'empathie pour les mouches, les opossums, les suricates, les pandas, les bélugas, les barracudas, les boustrophédons, les raies aimantées, les pygargues à queue blanche et les ornithorynques qui ont traumatisé plusieurs générations d'écoliers avec leur orthographe à la con. Ils n'auront droit à nulle pitié, nulle compassion de ma part : je suis un zoopathe.
Je déteste aussi ma part animale et je le lui rappelle périodiquement d'un coup de taser dans les couilles. Elles me le rendent bien.
Je hais aussi les arbres. (Il faut oser le dire : un sapin, c'est très moche. Et un palmier, donc ! c'est ridicule : on dirait une autruche.)
À ce moment du compte rendu de ma marche forcenée, je suis chargé par une famille de sangliers consanguins et je regrette un peu que le chien ait bouffé le fusil du chasseur avec le chasseur. Je tente ma chance quand même : le clébard cadavré est tout raide, je l'épaule comme un chassepot à répétition et je lui tire la quéquette à répétition. Bang-bang. Élimination de la faune suidés à poil dur. Je m'en ferai des brosses à dents inusables jusqu'à la fin de mes jours.
Mais à ce moment-là une assiette volante en provenance du onzième arrondissement de Véga se pose sur la prairie détrempée. Trois petits hommes verts salade aux oreilles en feuilles de choux en descendent et me fluxent. Bientôt il ne reste plus de moi qu'une flaque de fluxe. Je regrette bien d'avoir été méchant avec les animaux. Trop tard.
Je m'endors en comptant sur un mouton : ça ne lui fait pas mal. Même sans anesthésie.
Dans mon dernier sommeil, je rêve d'un casoar à casque…
— Mais qu'est ce que cette souris vient foutre ici ?
— Demandez conseil à votre chat.


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