Un jour, le
Sur-Dieu (le deus sive natura de
Spinoza, soit la Nature) en eut marre
des trois clowns qui passaient leur temps à se disputer pour savoir qui c'est
qu'a la plus grosse ou a se foutre sur la gueule par humains crétins
interposés. Et vas-y qu'une fois, c'est Yaveh qui balance un déluge ou une
pluie de feu, une fois c'est le Bon Dieu † qui envoie une croisade anti Mahomet
ou une inquisition anti juifs, une Saint Barthélémy anti protestants. Quant au présent
et à Allah et son prophète ça n'arrêtait pas, avec ses attentats kamikazes, son
WTC, son daesh, ses groupes boko haram un peu partout et contre un peu tout le
monde.
Il fallait
mettre le holà.
Le Sur-Dieu
composa une avatar(e) féminine douée de tout ce qu'il faut par devant comme par
derrière : Pandora, Ève, Vénus, Asana, appelez-la comme vous
voudrez – et la lâcha dans la salle de jeu des trois gros grognons. Un
"lieu" qui n'est ni un espace ni un temps, un virtuel imaginaire qui
occupait depuis Platon un bon volume de l'espace mental de l'humanité. (La
psychosphère selon RCW, ou noosphère selon Teilhard de Chardin, qui est comme
chacun sait, le lieu commun à toutes les pensées humaines. Selon l'homme des
cavernes Platon, on y trouverait des abstractions comme la Violence, la Beauté,
l'Amuur, la Démocratie – mais avec des esclaves, quand même… – et même le
plan de montage d'un lit Ikéa. Et selon d'autres curés, le paradis et l'enfer,
les anges, l'au-delà, l'autre monde, les arrière-mondes, appelez ça comme vous
voulez, de toute façon ça n'existe pas. C'est donc un lieu lui-même imaginaire
contenant tous les produits de l'imaginaire humain.)
Et donc les
trois neuneus, sous la forme de Moïse, Jésus et Mahomet (eux non plus
n'existent pas), virent débouler dans leur non-lieu imaginaire une sorte de
panthère rose avec tout ce qu'il faut par devant comme par derrière. Ils en
tombèrent instantanément et simultanément amoureux, bien sûr. Comme il n'était
pas question de partage, entre eux, ils dégainèrent sabres, kalachnikovs,
lasers, éclairs, marteaux et faucilles et se foutirent sur la gueule grave
tellement bien qu'ils se découpèrent mutuellement en morceaux tout petits ou en
cendres froides, au point de disparaître de l'espace mental des Terriens (la
dite psycho- ou noo-sphère, donc) entraînant dans leur néantisation les anges,
les démons, les abstractions, les Idées
platoniciennes, touts les mots à Majuscules de Majesté, l'idée même de roi, la
foi, l'espéruse et la charité-mon-bon-meussieu, les péchés, la culpabilité, la
peur, la concurrence, la finance, l'ambition, l'avidité, etc., etc., etc.
Ça dégagea un
énorme volume disponible dans l'espace mental de l'humanité qui, tout étonnée,
en profita pour inventer des choses vraiment utiles : le verre à pied, la
boîte d'allumette, la pince à linge, la brouette, la contraception (= l'amour
libre sans la menace de la surpopulation), la pétanque, la sieste, la mort sans
rémission, le rien, le vide…
— Et les
dieux, dans tout ça ? Je veux dire tous les autres, les petits, les
modestes, les sans nom, sans arrogance… les esprits de la forêt, les fées, les
elfes, le grillon du foyer, le roi des rats, la reine des abeilles, la
troisième flûtiste en partant de la gauche de l'orchestre symphonique, la note
bleue, Totoro, le monstre de spaghettis, l'esprit de la commune, Gloria, les
quarks, les gluons, etc., etc., etc. – que deviennent-ils ?
— Eux et
elles, ils et elles sont toujours là. La preuve, c'est qu'ils et elles sont
ici, alors que les précédents cités plus haut sont déjà sortis de ton esprit,
vu que tu ne disposes que d'une dizaine de lignes de mémoire vive.
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