LO N° 273 (16/01/09)
PROCHE ORIENT (un peu trop proche à mon goût, d'ailleurs)
Ma chronique sur les origines bibliques du conflit palestinien (LO 270) est publiée dans La Gazette de Montpellier cette semaine… Avec mon accord, bien sûr. Sensation bizarre… Je lance mes trucs par "Lettre Ouverte" à quelques dizaines ou centaines de correspondants, dont un bon nombre me sont connus personnellement, et ça se retrouve dans un hebdo lu par toute l'agglomération montpelliéraine…………
Bon… merci La Gazette… et on verra…
Quelques autres considérations sur le sujet.
FAUTE
On ne peut sans doute pas nier au peuple Juif le droit d'avoir une terre, un pays, un État, surtout après le grand massacre hitlérien. (Peut-être qu'on peut le nier pour des tas de raisons historiques et politiques, mais pour ma part je ne m'en sens pas le courage, surtout une fois que c'est fait…)
On peut juger, par contre, rétrospectivement, que ça a été une grande erreur (une terrible faute politique et humaine, même) d'établir un État Hébreux là, en Palestine, en "Canaan", et ce pour les raisons ancestrales bibliques que j'ai déjà soulignées. (Il y avait sûrement d'autres endroits possibles dans le monde, des endroits plus neutres, non chargés d'un contentieux millénaire…) Et pour des tas de raisons plus récentes sans doute, je ne sais pas, je ne suis pas historien. Que ça merde grave, c'était à prévoir, et sans doute ça a été prévu, à l'époque !
Mais c'est un peu facile à dire, maintenant.
L'ennui, c'est que les jeux sont faits… on ne refait pas le passé… etc. On est devant le
FAIT ACCOMPLI
Et un fait accompli qui ne fait qu'empirer depuis soixante ans. La question qui se pose maintenant, qui n'est plus biblique, culturelle, historique, c'est « qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »
1) Le problème de fond (biblique, ennemi héréditaire, violence symétrique, haine du semblable/différent…) est insoluble… (la "thérapie de peuples", ça existe ???) Sa connaissance nous aide seulement à comprendre et peut-être à relativiser, c'est déjà ça, mais ceux qui sont au premier rang, qui prennent des missiles sur la gueule, ont plus de mal à relativiser..
2) Le problème politique issu du XXème siècle est entériné, fixé une fois pour toutes, à partir du moment où une majorité des États du monde a reconnu l'État d'Israël… « Ça, c'est fait », comme on dit… c'est comme Mai68, on n'y peut plus grand chose. L'État d'Israël existe et, partant, "a le droit" d'exister.
Partant de là, que peut-on faire maintenant, avec une ambition limitée, pragmatique, pour, sinon résoudre le problème en son entier, du moins rendre la situation (plus) vivable ?
BOUCLIER HUMAIN
Imaginez qu'on parachute côté Gaza Mr BanKiMoon (ONU) + cinq ou six chefs d'États du monde entier + quelques papes, rabbins, ayatolahs, dalaï lamas… avec ce qu'il faut comme caméras autour. Qu'ils s'installent et campent sur place en faisant le plus de bruit (médiatique) possible. Les bombardements, de part et d'autre, s'arrêteraient instantanément. Ça serait déjà quelque chose. Après ça, négociations… etc. Evidemment, comme c'est toujours prêt à recommencer (il suffit d'UN excité avec UN missile, même bricolé), il faudrait établir une permanence, toujours non pas avec des casques bleus, mais avec des grands chefs d'États, chefs religieux, chef d'entreprises, même, et grands peoples internationaux aussi, pourquoi pas ?, en établissant un roulement — et ce aussi longtemps qu'il faudra. (Sarko un mois sur deux là-bas, ça nous ferait des vacances…)
Et si ça merde, ça confirmera ce que disait le tonton de Boris Vian dans "La java des bombes atomiques" : « Voilà des mois et des années / que j'essaie d'augmenter / la portée de ma bombe / et je n'me suis pas rendu compte / que la seule chose qui compte / c'est l'endroit où c'qu'elle tombe… »
FANATIQUE (du latin fanum : temple)
La civilisation/religion arabo-musulmane (comme toute FOI monothéiste) a peut-être quelque chose de profondément paranoïaque, en tout cas dans sa version fondamentaliste-intégriste-fanatique. Culture à la fois de l'assassinat et du suicide. L'attentat-suicide est le summum de cette folie. L'assassuide.
Par définition, le fanatique est fou (paranoïaque). Mais personne n'est fou seul. D'une manière ou d'une autre, il rend les autres fous : déjà, face à un croyant ordinaire, on ne peut pas discuter (foi a la même racine que féal : la religion est la soumission de l'esprit), mais, face à un fanatique, on ne peut carrément pas rester normal, on est pris à la fois par la peur et par la colère et en grand danger d'être entraîné dans une folie-haine symétrique. Mimétisme et escalade. Le fanatique, ainsi, par ses agressions, ses provocations, met les autres hors d'eux-mêmes, hors de leur tête, et les met contre lui, ce qui, très vite, le justifie dans sa paranoïa : personne n'aime les paranoïaques, qui, du coup, ont de bonnes raisons de l'être. Ça a l'air d'une blague… Pourtant c'est bien ainsi que s'enclenche un piège circulaire.
On peut penser au comportement des Juifs de Judée à l'époque de l'occupation romaine (époque de JC, premier siècle avant, premier siècle après) (souvenir de belles pages de Marguerite Yourcenar à ce sujet dans les "Mémoires d'Hadrien"…) et au comportement de Jésus lui-même (en supposant qu'il ait existé un certain Jésus, gourou d'une secte nazaréenne et se prétendant roi de Juifs) face à Ponce-Pilate et au Sanhédrin : tout son système de non-défense le mène inéluctablement au martyre. Martyre-suicide volontaire, donc, même si lui c'est sans attentat, dans une folie calme d'illuminé. Les premiers chrétiens ont bien retenu la leçon de leur prophète, réclamant le martyre par toutes les provocations possibles, au grand trouble des autorités romaines. On rapporte les réactions d'un consul disant « Mais si vous voulez tellement mourir, qu'attendez-vous pour sauter des falaises, pour vous jeter dans vos propres feux ? ». Mais non : les suicides de ces proto-chrétiens étaient des sortes d'attentats-suicides : le martyr crée le tortionnaire, autant que l'inverse. Ce qui a fini par les mener au pouvoir. Le Hamas tient bien entendu le même discours : chaque mort palestinien, "combattant" ou "civil", sert sa cause. Viva la muerte !
On dirait (je m'avance peut-être beaucoup) que, depuis, ces comportements ont disparu chez les chrétiens et chez les Juifs, mais pas chez les arabo-musulmans, religion plus jeune, ou qui s'est figée dans un stade "primitif". Je parle toujours des fanatiques, fondamentalistes, purs et durs… Mais je garde cette crainte que tout "bon musulman" soit un fanatique en puissance, les circonstances actuelles aidant, politiques, sociales, économiques. Et c'est bien consciemment que je mélange religion et politique, indissolublement liées depuis toujours à peu près partout. Il n'y a presque qu'en France qu'on trace vaille que vaille une césure. Vive la loi de laïcité, et pourvu que ça dure.
EN FRANCE ?
Les risques de crise de judéophobie sont bien là : d'une part à cause de la crise financière-économique (parce que, c'est bien connu, hein, tous les banquiers sont juifs, surtout certains !), d'autre part, donc, à cause de la guerre de Gaza.
Sans compter les conneries de Dieudonné-Faurisson.
« Des antisionistes comme ceux-là, on s'en passerait volontiers. Les ennemis de nos ennemis ne sont pas tous nos amis. » (Siné, dans Siné-Hebdo N°18, 7 janvier 2009) Sur sa dernière affaire, je persiste à penser que le cas de Dieudo est indéfendable — et ce n'est pas une question de liberté d'expression.
De son côté, Jamel Debbouze lance l'opération "Un avion pour Gaza"... pour les médicaments, matériels hospitaliers etc....etc... C'est un autre choix…
http://www.unavionpourgaza.com/
Une page de "Les Mois sont de papier / 03" (Le Pythagore éditeur 2008)
vendredi 16 janvier 2009
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3 commentaires:
Cher Phil Caza
C'est pas souvent que je commente tes lettres, mais là, excuse-moi de te contredire en te signalant que je défend (sur un certain nombre de points) Dieudonné, que je ne suis pas le seul loin s'en faut, mais qu'aucune liberté d'expression n'est tolérée ni à ce Dieudonné ni a ses défenseurs.
Dire d'une personne dont on ne partage pas le discours qu'elle est indéfendable n'est pas un argument, mais du dénigrement, outil récurrent de toute bonne propagande dont l'objet est d'imposer une opinion en évitant tout débat de fond.
Sujet éminemment sensible je te l'accorde, et infiniment plus vaste que celui auquel on veut le cantonner, c'est à dire son antisémitisme présumé que l'intéressé nie pourtant catégoriquement si on prend la peine de l'écouter directement.
J'invite à regarder cette video qui ne résume pas du tout l'ensemble des problèmes que soulève le gaillard, mais qui est juste représentatif de la contradiction des discours et de la perte d'esprit critique quand on aborde ces sujets.
Je réagis donc à ton post car, même parmi ceux dont j'apprécie la capacité de jugement, je constate ô combien l'influence du rouleau compresseur médiatique est terriblement efficace.
Il est fort inquiétant de voir comment aujourd'hui, l'idée que - la liberté d'expression n'a de sens que si elle s'applique à ceux qui ne pensent pas comme soi- est autant remise en cause.
La voix des médias de masse couvre largement celle de Voltaire :
Je déteste vos idées mais je suis prêt à mourir pour défendre votre droit de les exprimer
Il y a des remèdes bien pires que le mal, surtout quand le mal en question est fabriqué par le vendeur de remède.
Marc Bati
Je viens de lire ton article... je ne sais quoi penser de tout cela... vu les reportages et images que l'on met à notre dispostion (c'est à dire peu et jamais vraiment objectifs), je n'arrive toujours par à me faire une opinion sur ce conflit.
La seule chose dont je suis sûr c'est que les générations qui viennent et qui vivent ce conflit ne seront pas tendres entre elles: on peut gager qu'elles se souviendront des bombes reçues et des horreurs vécues (de chaque côté) et de la peur ressentie qui se transforme(ra) en haine inéluctablement.
Pour ce qui est de la remarque de Bati: je pense que certaines personnes ou choses sont indéfendables (surtout pour des personnages publics)... Le négationisme est indéfendable!
Oui Tof, le négationnisme est indéfendable, et oui je partage certainement ce point. Mais je fais le distingo avec le fait de soutenir qu'une personne n'est pas défendable, aussi horrible soit elle. Défendable, et condamnable aussi, après procès et débat, après l'avoir simplement écoutée. C'est le principe même de la justice qui est remis en cause en ne permettant pas à une personne à se défendre. Vieux débat où l'émotion rivalise avec la raison, et qui permet de légitimer un délit indéfendable, le lynchage.
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