LO N°340. 29/11/09
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2O2O
– 2O% DE CO2
OU
+ 2O CM D'H2O
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2O5O
– 5O% DE CO2
OU
+ 5O CM D'H2O
???
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Le Monde, 24 nov 09
# La Terre est toujours plus surexploitée par l'homme
"L'empreinte écologique globale" a augmenté de 22 % en dix ans. Cet indicateur, jugé utile, est néanmoins débattu
Une planète Terre et demie ou presque : c'est la surface qu'il faudrait à l'humanité pour produire les ressources qu'elle consomme en un an pour se nourrir, se vêtir, se déplacer, se chauffer, et absorber ses déchets, si les terres et les écosystèmes étaient exploités de manière durable. L'image, destinée à frapper les esprits, a été créée et popularisée par l'organisation non gouvernementale Global Footprint Network (GFN), installée en Californie, qui calcule chaque année depuis 2003 l'empreinte écologique de l'humanité, c'est-à-dire sa consommation de ressources rapportée à la capacité de production et de régénération moyenne de la planète.
Selon ses derniers calculs, rendus publics mardi 24 novembre, cette empreinte a augmenté de 2 % entre 2005 et 2006, et de 22 % par rapport à la décennie précédente, à la fois du fait de l'augmentation de la population mondiale, et de la croissance de la consommation par habitant. « Nous utilisons trop rapidement les ressources que la Terre peut fournir, et nous produisons plus de déchets qu'elle ne peut en absorber, commente Mathis Wackernagel, créateur du concept et président du GFN. Nous en constatons tous les jours les effets : déforestation, perte de terres arables, surexploitation des ressources marines, stress hydrique, accumulation de CO2 dans l'atmosphère. » Selon le GFN, les besoins de l'humanité ont commencé à excéder les capacités productives de la Terre en 1986. Depuis, l'homme vit au-dessus de ses moyens.
Le concept d'empreinte écologique a été inventé au début des années 1990. Son unité est "l'hectare global", dont les capacités de production ou d'absorption des déchets correspondent à la moyenne mondiale des "performances" des terres agricoles et des écosystèmes (biocapacités). L'empreinte écologique d'un pays correspond au nombre d'hectares globaux nécessaires pour fournir les denrées alimentaires et les fibres textiles consommées par sa population, pour construire ses villes et ses infrastructures, et pour absorber ses déchets, gaz à effet de serre compris. Les émissions de CO2 sont converties en nombre d'hectares de forêt requis pour les absorber.
Le concept a fait l'objet de nombreux travaux en France, dans le cadre de la réflexion sur l'élaboration de nouveaux indicateurs de bien-être. Ni la commission Stiglitz sur la mesure de la performance économique et du progrès social ni le Conseil économique, social et environnemental (CESE) n'ont préconisé de l'utiliser en priorité. Ils lui ont préféré le bilan carbone, jugé plus simple et plus robuste. « L'empreinte écologique est un concept séduisant et pédagogique, mais il présente des limites, note Philippe Le Clézio, rapporteur d'un avis du CESE sur le sujet en juin. Par exemple, il ne prend pas en compte les pollutions. L'utilisation d'engrais augmente la productivité des sols, donc diminue l'empreinte écologique, mais elle crée aussi une pollution. »
Alain Grandjean, membre du comité stratégique de la Fondation Nicolas Hulot fait partie des sceptiques. « C'est un indicateur pionnier, qui a permis de montrer que l'humanité prélève plus que ce que les ressources renouvelables peuvent fournir, mais il pose des problèmes méthodologiques, explique l'économiste. Il veut mesurer avec une unité commune des données incomparables. Les émissions de gaz à effet de serre se mesurent en tonnes, pas en hectares. La capacité d'absorption du CO2 par les forêts est un sujet très débattu, les écarts entre les estimations peuvent être importants. »
L'économiste Jean Gadrey, qui a participé aux travaux de la commission Stiglitz, défend le concept. « Il existe peu d'indicateurs aussi performants pour sensibiliser les personnes qui ne sont pas spécialistes, affirme-t-il. Il nous montre que nous dépendons de territoires qui peuvent se trouver loin de nous. Il a un intérêt pour réfléchir plus largement que sur la seule question du carbone. » M. Wackernagel répond aux critiques que son concept est « une comptabilité qui repose sur des outils scientifiques et mesure une question précise, à savoir quelle biocapacité nous utilisons. »
L'intérêt majeur de l'indicateur est de mesurer l'évolution des consommations de ressources dans le temps. Il met aussi en relief les inégalités entre modes de vie.
Les habitants des Emirats arabes unis, qui consomment chaque année l'équivalent d'environ 11 hectares globaux, ont l'empreinte écologique la plus élevée. Suivent le Qatar et les Etats-Unis. Les pays d'Europe de l'Ouest figurent parmi les trente premiers, aux côtés du Canada, d'Israël et du Japon – les Français, avec 5 hectares globaux par personne, sont au 22e rang mondial. Chaque Chinois consomme en moyenne 2 hectares globaux, autant que les Maliens ou les Péruviens. Les habitants d'Haïti, de la République démocratique du Congo, de l'Inde, du Cambodge, ou de la Côte d'Ivoire figurent parmi les plus petits consommateurs de ressources au monde, avec moins de 1 hectare global. #
Gaëlle Dupont
© Le Monde
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VIVE L'AGRICULTURE INTENSIVE !
# Selon une étude internationale publiée le 22 novembre dans Nature Geoscience, en Europe, la capacité des prairies et des forêts à stocker le CO2 émis par les activités humaines est annulée par les pratiques agricoles intensives. Ce bilan des flux de gaz à effet de serre montre que les écosystèmes terrestres européens n'absorbent que 2 % des émissions domestiques, industrielles et dues aux transports. Ce puits de carbone potentiel est déjà comblé par l'oxyde nitreux dû à l'emploi d'engrais et le méthane émis par les ruminants. #
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DES MILLIARDS D'EUROS SOUS LES EAUX
On peut décompter les catastrophes en cours en tonnes de CO2, en centimètres de montée des eaux, en vies humaines… ou en euros – ce qui est assez déplaisant, chez un anti-capitaliste. Mais peut-être que l'alliance entre le WWF et l'assureur Allianz ne vous plaira pas non plus…
(Conjuguons au futur : J'ai fait quelques interventions sur ce texte, elles sont entre parenthèses et soulignées…)
# 18 700 milliards d'euros sous les mers : les biens menacés par la montée des eaux
En 2050, la valeur des biens menacés par la montée des mers pourrait atteindre (atteindra) 28 000 milliards de dollars (18 700 milliards d'euros) dans 136 villes portuaires de plus d'un million d'habitants. L'addition, appuyée sur des chiffres de l'OCDE, est calculée par le WWF dans une étude réalisée avec l'assureur Allianz et publiée lundi 23 novembre.
A l'en croire, le changement climatique risque de coûter (coûtera) beaucoup plus cher que ce que les prévisions du GIEC laissent présager, en raison des effets de seuil qui vont démultiplier l'ampleur du réchauffement et ses conséquences. Et les rédacteurs du rapport, deux climatologues britanniques de l'université d'East Anglia, d'annoncer des jours sombres pour la forêt amazonienne, les ressources en eau de l'Inde et les métropoles côtières.
Alourdir le devis du réchauffement, une manière d'accroître la pression deux semaines avant la conférence de Copenhague ? Sans doute. « Le changement climatique n'est pas un phénomène linéaire, il y a des points de non-retour, c'est pourquoi il est capital de limiter le réchauffement à 2 degrés, argumente Walter Vetterli, l'un des dirigeants de WWF en Suisse. Sans quoi les conséquences pourraient être (seront) bien pires que ce qui est annoncé habituellement. »
WWF prédit ainsi une hausse moyenne du niveau des océans de 50 centimètres en 2050, quand le GIEC n'annonce que 15 centimètres. Les villes d'Asie sont parmi les plus menacées par cette accélération, en raison notamment de leur croissance rapide. La population de Dacca, Jakarta ou Manille est extrêmement exposée. Et les dégâts pourraient s'élever (s'élèveront) à 2 600 milliards de dollars pour Canton, 1 600 milliards à Calcutta, 1 300 milliards à Shanghaï.
Mais les Etats-Unis ont également du souci à se faire : la côte Est pourrait subir (subira) une hausse supérieure de 15 centimètres à la moyenne. Baltimore, Boston, New York, Philadelphie et Providence verraient (verront) ainsi la mer gonfler de 65 centimètres en 2050. La valeur des actifs exposés au risque climatique sur toute la côte des Etats-Unis passerait (passera) alors de 1 359 milliards de dollars aujourd'hui à 7 425 milliards en 2050, dont 2 400 milliards à Miami et 1 300 milliards pour New York-Newark.
Les chiffres de WWF ne traduisent qu'une partie du risque : l'ONU-Habitat a recensé 3 351 villes et 380 millions d'habitants dans la "zone côtière de faible altitude", à moins de 10 mètres au-dessus de la mer. #
Grégoire Allix
© Le Monde
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1 commentaire:
je prends le 1er...très efficace!!!
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