dimanche 18 avril 2010

CLIMATONÉGATEURS (SUITE)


— Les climatologues du GIEC sont attaqués de toutes parts.
— Par les ours blancs, les manchots, les Inuits ?
— Non par les climatosceptiques.
— Des mammouths ! Les sceptiques finiront dans les fosses de l'histoire !

LO N°367 (18/04/10)
LES GRANDS RÉCHAUFFEURS

SUITE 9 - FOCUS
Comme dit précédemment (LO 361), oui, il y a toujours d'autres causes, naturelles et humaines, toutes liées, à toutes les questions écologiques, réchauffement, désertification, famines… c'est ce qui fait que c'est toujours complexe, que le doute subsiste toujours, et c'est pourquoi il faut faire ses choix en fonction d'une convergence de faits avérés et, sinon de certitudes, du moins d'hypothèses vraisemblables, et se concentrer sur ce point de convergence. Pour moi, c'est celui que je qualifie de prétexte, le CO2. (Mais certains y voient un mensonge, et un mensonge, même si c'est "pour la bonne cause", c'est pas bien, ni moralement, ni techniquement. Ou disent qu'on fait du CO2 un bouc émissaire, le pauvre ! On en reparlera, mais plus tard. Là, il faut que je continue sur ma lancée).
Mais on pourrait se focaliser plutôt sur "le pétrole", ce serait presque pareil, sauf qu'on oublierait le charbon, le gaz… et même la combustion du bois, ce n'est pas neutre…
On pourrait se focaliser sur "l'énergie en général" et ce serait peut-être mieux, parce que ça inclurait le nucléaire et bien d'autres sources d'énergie qui n'entraînent pas directement de production de gaz à effet de serre, mais collatéralement.
Peut-être, oui, que je vais revoir ma copie en ce sens : L'ÉNERGIE. (L'une des questions étant, quand on veut faire passer une idée complexe et dérangeante, qu'est-ce qui va faire image ou être le plus parlant ? Le CO2, en fait, c'est aussi difficile à représenter que "l'énergie", concrètement ou métaphoriquement… (J'ai déjà soulevé cette question avec la manif autour des "350 ppm". D'autres, depuis, ont lancé une campagne 10:10, dont le thème, très concret est : chacun de nous s'engage à baisser de 10% sa production de gaz à effet de serre au cours de l'année 2010. Disons plutôt, pour être clair : s'engage à baisser sa consommation d'énergie de 10% au cours de l'année ; ça, c'est lisible et maîtrisable par tout un chacun : nombre de pleins ou de kms effectués en voiture ou en avion ou en train, T° de la maison, facture d'électricité ou de gaz, poids de la poubelle chaque semaine, etc. Et les années suivantes, pourquoi pas?, on accroîtra l'effort : 11:11, 12:12, etc.…)
Tout est lié, oui, c'est ce qui fait que, réfléchissant en direct et croyant à la base produire un texte d'une page, bien concis, bien ramassé, puis répliquer en quelques lignes à des arguments opposés, ou rebondir en quelques lignes sur des arguments enrichissants, je me retrouve à la tête d'un gros paquet proliférant. Je voudrais bien ne pas parler de tout à la fois, mais comme toujours, je choppe un fil et tout le pull se détricote. (Mais l'écologie, c'est ça, c'est prendre en compte un réseau d'interactions hyper-complexe, ce n'est pas protéger les petites fleurs les petits oiseaux !)
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SUITE 10 - LA CHALEUR
Par exemple, une autre façon d'en parler pourrait être de se concentrer sur la chaleur. La production de chaleur. Tout ce qui produit de la chaleur.
JE REPRENDS mon thème de base avec une formulation un peu différente, mais pour dire la même chose, au fond.
Il est scientifiquement admis qu'il y a une corrélation entre les températures et la quantité de CO2 dans l'air. Mais corrélation n'est pas raison : on ne sait pas avec certitude si le CO2 est une cause ou un effet du réchauffement. Les températures ayant augmenté (constat partagé par une très large majorité de scientifiques et les montagnards mesureurs de glaciers), le GIEC dit que c'est à cause du CO2 que la planète se réchauffe. Mais si ça se trouve, c'est le contraire : c'est parce que la Terre se réchauffe qu'il y a augmentation de la quantité de CO2 dans l'air. Admettons. C'est l'argumentation principale des climato-sceptiques. Partant de là, ils affirment que la part (minime) de CO2 produite par l'homme ne fait que s'ajouter à la part (maxime) de CO2 produite par le réchauffement climatique (lequel serait dû aux cycles solaires)… Cette part de CO2 produite par l'homme, étant donc minime, n'aurait donc en elle-même aucune importance… Et donc il n'y a pas de cause humaine au réchauffement puisque le réchauffement n'est pas dû au CO2. CQFD. (Il y aurait du syllogisme là-dessous que ça ne m'étonnerait pas… ou au moins l'oubli des phénomènes de boucles de rétroaction positive : la chaleur produit du CO2… qui produit de l'effet de serre… donc de la chaleur… qui produit du CO2… etc.)
Mais à côté de cette production, importante ou non, de CO2, il ne faudrait pas oublier que l'activité humaine, en consommant de l'énergie, quelle qu'elle soit, produit de la chaleur. (Chauffages, moteurs, et tout mouvement et tout frottement). Le lien entre réchauffement climatique et activité humaine pourrait être plutôt vu via l'équation d'Einstein E=MC2 qui traduit la conversion de la masse de pétrole, charbon, gaz (et uranium) consommés en énergie – et donc, via les lois de la thermodynamique, en chaleur. (La matière M génère de l'énergie E, mais celle-ci ne se retransforme jamais en M, par contre elle se dégrade systématiquement en chaleur, qui ensuite se disperse dans l'environnement, ce qui ne veut pas dire qu'elle disparaît)… Tous nos moteurs, destinés essentiellement à produire du mouvement, du travail, sont loin d'un rendement parfait et produisent donc aussi de la chaleur. Un frigo ou une clim' eux-mêmes produisent du froid d'un côté, certes, mais de la chaleur de l'autre. Le transport de l'électricité, via la résistance des câbles, produit de la chaleur. Une ampoule électrique produit de la chaleur, et si, dans les ampoules basse consommation, la lampe reste froide, il n'en est pas de même pour le transfo qui l'alimente. Etc.
Mettons-nous bien ça dans la tête : toute production-consommation d'énergie, quelle qu'elle soit, produit de la chaleur.
Partant de cette idée (peut-être naïve) le réchauffement climatique ne viendrait donc pas forcément (ou pas seulement) des émissions de CO2 et de l'effet de serre y afférant, mais directement de la production de calories via la consommation d'énergie. Ainsi, dans les centrales nucléaires elles-mêmes, 30% seulement de l'énergie est convertie en électricité, 70% part en chaleur dans l'eau et l'air. Les centrales nucléaires sont donc, du fait de ce très mauvais rendement, une importante source de chaleur, alors même qu'elles ne dégagent pas de CO2...
Le concept nucléaire = énergie "propre" perd toute valeur.


(Ajoutons en passant – rien à voir avec le CO2 ni avec une pollution chimique ou radioactive – que l’oxygène se dissout moins bien dans l’eau chaude que dans la froide. Or, les centrales thermiques et nucléaires utilisent l'eau des lacs et des rivières comme liquide de refroidissement et restituent donc à ces lacs et les rivières une eau réchauffée. On peut parler de pollution thermique. Quand il y a ainsi augmentation permanente de la température d'un cours d'eau, il s'ensuit une diminution de la quantité d'oxygène dissous dans le cours d'eau, ce qui a des effets néfastes sur la vie aquatique.)

Vu comme ça, l'idée toute bête est que pour lutter contre la chaleur, il faut arrêter d'en produire. La solution au réchauffement climatique passerait essentiellement par la réduction de la production de chaleur, donc de la production-consommation d'énergie, que celle-ci soit directement productrice de CO2 ou non.
 Partant de là, le nucléaire est une énergie "polluante" au même titre que le pétrole.
A contrario, l'hydraulique ou l'éolien ne produisent de chaleur que modérément, par les frottements, comme tout mouvement mécanique (pompe à vélo) et même tout mouvement animal. Quant aux carburants végétaux, certes ils s'inscrivent dans un cycle écologique puisque le CO2 qu'ils libèrent en brûlant avait été capté par les plantes utilisées et sera de nouveau capté par la récolte de l'année suivante, mais cela n'empêche pas qu'ils produisent, en brûlant dans les moteurs, de la chaleur. De même le bois dans la cheminée. Finalement n'importe quel élément que l'on brûle ou que l'on agite produit de la chaleur. L'atmosphère de la Terre se réchauffe parce que nous la chauffons, tout simplement, comme l'air dans la maison quand on a allumé le poêle, l'effet de serre jouant le rôle d'un toit bien isolé.
Ceci n'est-il pas un peu empirique ou carrément naïf et suffit-il à expliquer le réchauffement climatique ?… Je n'en sais rien, je ne suis pas physicien-chimiste ! Disons que c'est une image ou une métaphore qui permet de focaliser. Mais il serait bien invraisemblable que ça n'y contribue pas, surtout s'il y a par ailleurs un effet de serre qui empêche cette chaleur d'origine humaine de se disperser dans l'espace. Finalement, il y aurait synergie d'un effet sur l'autre : les activités humaines produisent de la chaleur ET du CO2, et celui-ci (+ tout le CO2 naturel), par effet de serre, retient celle-là.
N'oublions pas d'inclure le soleil et la Terre elle-même dans le processus.
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Quelques considérations sémantiques sur les termes de chaleur, froid, température.
Dire "produit de la chaleur", ou "empêche la chaleur de s'évader", c'est du langage courant, avec quelque chose de trompeur : ça laisse supposer que "la chaleur" est une chose, ou des particules (les calories ?), quelque chose comme ça. Le langage courant, c'est suffisant pour la vie de tous les jours ou pour le baratin d'un représentant qui veut vous vendre une pompe à chaleur, mais si on veut aller plus loin… On devrait dire quelque chose comme "les activités humaines chauffent (ou réchauffent) l'atmosphère – ou : font monter la T° de l'atmosphère."
Qu'est-ce que "la chaleur" ? Non pas "quelque chose" mais un état de la matière. (La dénomination d'un état de la matière.) Dans cet état, une matière est agitée au niveau moléculaire (mouvement brownien). Plus agitée, en tout cas que dans l'état de "froid" (= quand la T° est plus basse). Ces états (chaleur ou froid) sont relatifs : ils n'existent pas en soi, mais seulement en tant que différence. Différence perçue (subjectivement) par moi, ma peau ou (plus objectivement) par un instrument (codé selon une échelle conventionnelle acceptée dans notre culture).
Ma tasse est pleine de café chaud. La paroi "transmet la chaleur" du café de l'intérieur vers l'extérieur. Au sens strict, rien ne passe à travers la paroi. Ce que je perçois en touchant la paroi, c'est une différence : la différence entre la T° de l'air (et de ma peau) et la T° du café. On pourrait dire "la chaleur du café se répand dans l'air de la cuisine à travers la tasse", mais, plus justement, que "la T° de l'ensemble café+cuisine tend à s'équilibrer" (homéostase) : le café a refroidi, certes, mais l'air de la cuisine a chauffé. On peut dire que, en un certain temps, l'air de la cuisine a "absorbé la chaleur du café". Façon de parler, encore : on pourrait dire aussi bien (mieux, même) que le café a chauffé l'air de la cuisine. Mais de façon si infinitésimale que je ne le percevrai pas : quand la T° de la pièce et la T° du café se seront équilibrées, je dirai seulement "le café a refroidi", mais en fait la T° globale de la pièce aura bel et bien augmenté.
Mais, suite des évènements, comme la cuisine n'est pas hermétique, cette chaleur supplémentaire sortira, avec l'air ambiant quand j'ouvrirai la porte ou à travers les murs sous forme de rayonnement infrarouge (s'il fait plus froid dehors que dedans). Autrement dit, la chaleur du café, via la tasse, l'air de la cuisine et les murs, aura réchauffé l'atmosphère extérieure. Ce n'est pas grave, sauf si on est des milliards sur Terre à faire du café en même temps. Ce n'est pas grave non plus si l'effet de serre est modéré : cette chaleur supplémentaire se dispersera dans l'espace, en partie avec les molécules d'air chaud montant et se refroidissant au contact du vide spatial, en partie par rayonnement infrarouge.
MAIS s'il y a excès d'effet de serre ? C'est tout le problème.

Partant de là, on va se retrouver obligé de faire un peu de science physique.
(A suivre)


1 commentaire:

Bruno Bellamy a dit…

Les êtres vivants sont chauds : notre température corporelle est plus élevée que l'air environnant, et nous devons nous maintenir à une température suffisante pour survivre, c'est d'ailleurs bien pour ça que nous consommons de l'énergie pour le chauffage. L'augmentation de la chaleur générée par l'humanité vient donc aussi, tout bêtement, de l'augmentation de la population. En évitant la surpopulation, on lutte aussi contre l'effet de serre. Ou plus exactement, oui, contre l'excès d'effet de serre, puisque c'est pas l'effet de serre qui est en cause mais son abus. Tiens, ça me rappelle une affiche EDF qui m'avait bien fait rire : le slogan en était, je crois "objectif : 0% de CO2" ou quelque chose d'approchant... Et là pareil : sans CO2, toute vie sur Terre serait anéantie. Donc l'objectif d'EDF est bien l'éradication de toute vie sur la planète. Je trouve assez honnête de leur part d'avoir prévenu l'humanité par voie d'affiche, mais je suis étonné du peu de réaction de la population. ;)
Tiens, pendant que j'y suis... Je ne me classe pas parmi les "climatonégateurs" pour la simple et bonne raison que même si je ne suis pas certain à 100% de l'impact humain sur le réchauffement (ni même de la réalité de ce réchauffement), je persiste à croire qu'il faut moins polluer, et pas en vertu du "principe de précaution" mais parce que polluer est un acte de mort, un truc qui ne va en aucun cas dans la bonne direction. Si ça évite d'accroître un excès d'effet de serre, c'est tant mieux. Si ça évite seulement d'accroître la pollution, c'est tant mieux. Alors disons que je suis du genre "climatoperplexe".
Mais du coup je me pose des questions : la simplification à outrance, décidément très à la mode ("ne cherchez pas à comprendre, on vous dit qu'il faut lutter contre le réchauffement climatique, alors consommez moins de carburants fossiles, recyclez vos déchets et achetez des voitures électriques"), ne cacherait-elle pas un programme autre qu'un souci de préservation de l'environnement ? Sans tomber dans la parano, on peut au moins, décemment, se poser la question, et donc par exemple, juste pour en étudier l'hypothèse, se demander "à qui profite le crime ?". Parce que le discours ambiant tend, il me semble, en mettant l'accent non sur la pollution en général mais sur la réduction de la production de CO2 en particulier, à inciter à la transition des énergies fossiles vers le tout électrique, réputé être une "énergie propre". Or en l'état actuel, ça signifie "tout nucléaire". J'ai vaguement le souvenir que le premier "choc pétrolier" (qui était plus ou moins une fiction, vu qu'on n'a pas spécialement réduit notre consommation de pétrole depuis, et que les réserves étaient loin d'être épuisées à ce moment là) était arrivé au moment où la France entreprennait de mettre en place un très ambitieux programme de construction de centrales nucléaires, ce qui représentait évidemment un marché potentiellement juteux (puisque, notamment, entièrement financé par de l'argent public, ce qui veut dire en clair "facile à négocier au double du prix"). Et là, ben ça fait comme un écho, je trouve...
Alors bon, pas la peine de virer conspirationniste, mais ça m'intrigue, voilà.
Donc OK, je recycle, j'essaye de moins consommer, je me refroidis un petit peu, mais sans être un négationniste du réchauffement, ben je suis... oui, je suis perplexe, voilà. J'avoue.