mercredi 12 janvier 2011

Quelques vues du chaos


LO N° 429 (07 01 11)


LES OISEAUX SE CACHENT POUR MOURIR…
Mais non, au contraire, ils tombent par terre. Bizarrement, ils ne tombent que sur les autoroutes (ou bien on ne les ramasse que là parce que c'est plus facile ?) Arkansas, Louisiane, Suède… Comme disait JCVD : « Si on enlevait l'air du ciel, tous les oiseaux tomberaient par terre. » Ils sont cons, les oiseaux, aussi (vieux génial dessin animé de Chaval). Et les spiqueurs de se référer à Hitchcock, ce qui n'a rien à voir puisque chez lui, les oiseaux sont bien vivants et attaquent. Là, on ferait plutôt le rapport avec les baleines qui s'échouent sur les plages (globicéphales ou belugas sur le "Vu du ciel" de YAB). Ou cette formidable scène de pluies de grenouilles dans "Magnolia", film de Paul T. Anderson avec Tom Cruche, Julianne Moore et d'autres. Et bien sûr LA référence commune, une des dix plaies d'Égypte : « Aaron étendit sa main sur les eaux de l’Égypte ; et les grenouilles montèrent et couvrirent le pays d’Égypte ». (Cette scène sur la pluie de grenouilles est un phénomène météorologique qui a déjà été observé mais qui concernait plutôt des têtards (ou petits poissons) que de véritables grenouilles. (D'après Wikipedia). Et justement, ici ou là, Arkansas encore, ou Brésil, les poissons morts par milliers. Manquerait plus que des vaches s'écrasent sur les autoroutes suisses (En fait, c'est arrivé : http://paranormalnews.fr/index.php/news/259-28-vaches-tombent-dune-falaise). Et la télé nous gave de films catastrophes, et de téléfilms catastrophiques, souvent les deux à la fois. "La Tempête du siècle", "La Grande inondation", "Magma"… (Sans omettre les zinfos… et le (beau) bilan des catastrophes de l'année 2010 sur F2 – année record ! on va voir ce qu'on va voir avec 2011 !)
Et alors ? Et quoi ? La fin du monde ? En 2012, seulement en 2012, y a le temps ! On aura encore Nénesse sur le trône élyséen et Marine LP comme premier ministre, ça vous suffit pas ? Et Sarah Palin présidente aux USA, ça vous suffit pas, comme fin du monde ?¿
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CHRONIQUES DU CHAOS
Tiens, j'avais raté celle-là : « Quand la neige tombe, il faut attendre qu'elle soit tombée pour la ramasser. » (Nathalie Kosciusko-Morizet)
Oui, la neige bloque les trains, oui, et les routes, oui. Oui, les trains déraillent et les passages sont à niveau 8 sur l'échelle de Richter. Oui, les oiseaux tombent du ciel et les cygnes noir s'accumulent. Il y a quelques mois, une bagnole dérape, projette un bloc de béton sur la voie du RER, un train déraille. En Russie, il y a des années, deux trains s'étaient croisés juste à l'endroit où les voies côtoyaient un oléoduc. Qui justement à ce moment-là péta.
Le pire n'est jamais certain, peut-être. Mais c'est une question de nombre : plus il y a sur Terre de voies de chemin de fer, d'oléoducs, de routes, de bagnoles, de tuyaux de gaz, d'avions, de centrales nukes, (de gens : bientôt 7 milliards), plus il y a de chances de voir s'appliquer la loi de l'emmerdement maximum, ou loi de Murphy. C'est tout. Aucune malchance ou destin ou malédiction à déplorer. C'est juste une question de probabilités.
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QUESTION DE LISIBILITÉ
La surenchère aboutit au chaos. Ex : un chanteur se fait une crête punk. Puis (lui ou un autre) une crête verte. Puis, en plus, un tatouage, puis des tatouages (en couleurs), puis un, puis des piercings, puis du maquillage, puis une jupe… Puis des plumes au cul ? Pour finir, ça tient plus de l'arbre de Noël que du look. Illisibilité : au départ, UN signe, c'était lisible, signifiant. Une accumulation de signes, ça devient insignifiant, voire contre-signifiant.
Il en est d'ailleurs de même pour l'arbre de Noël. Au départ, une guirlande, trois boules et une étoile. Mais l'accumulation de guirlandes, étoiles et boules toutes plus clinquantes ou clignotantes les unes que les autres fait qu'on ne voit plus le sapin lui-même. L'arbre a disparu. La forêt (de guirlandes) cache l'arbre. Et c'est dommage, parce que l'essentiel symbolique de l'histoire, le signe, c'est l'arbre.
De même, pour le chanteur (ou autre individu déguisé), l'essentiel, c'est lui, l'individu, l'humain. La panoplie de signes hétéroclites cache le signe essentiel, l'essence, le sens.
Certes, tout individu existe et se manifeste (socialement, puisqu'il n'y a d'existence que sociale) à travers les signes qu'il émet, entre autres, par sa vêture. L'habit fait le moine. Mais un habit de moine + des porte-jarretelles + une crête punk + un collier à tête de mort… ça ne veut plus rien dire. Confusion. Chaos identitaire et communicationnel. Préférons un signe simple, lisible, identifiable (et donc fiable).
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CONSEILS DE VISURE ET DE LECTURE
A voir peut-être en mars : "Black Swan" (Cygne noir), avec Nathalie Portman, de Daren Aronofsky (Pi, Requiem for a dream, The fountain, The wrestler).
Quant au bouquin "Le Cygne Noir", qui n'a rien à voir, auquel j'ai dû faire allusion une fois, laissez tomber, c'est nul. Lisez plutôt "N'espérez pas vous débarrasser des livres", dialogue régalatoire entre deux érudits magnifiques, Jean-Claude Carrière et Umberto Eco. Bazardez toute votre bibliothèque, ne gardez que celui-là.
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LE PLUS EST-IL TOUJOURS LE MIEUX ?
La Science et la Technique, encouragées par l'Industrie et le Commerce (STIC), se sont développées sur le mode quantitatif. On (= une grosse part de la population, la part la plus américanisée) est encore persuadé que l'accroissement quantitatif (croissance) entraîne comme automatiquement un accroissement qualitatif (qualité de vie). C'est (peut-être ou sans doute) faux. En tout cas pas automatique, ou pas suffisant. Mais ce qui est vrai c'est qu'un accroissement quantitatif entraîne un changement qualitatif. En mieux ou en pire.
En mieux ou en pire ? C'est là que commencent à se poser les vraies questions, non quantifiables, mesurables, statisticables… donc subjectives (voire subversives), affectives, morales. Qui vont sans doute nécessiter des définitions, redéfinitions et évaluations du bonheur, du plaisir, de la joie, du confort, du bien-être… personnel et collectif…
Le bonheur, la joie… Une pub bancaire (LCL) : "Demandez plus à votre argent" : le conseiller demande à l'acteur : alors, heureux ?
Une assurance : La (MAIF ? MMA ?) "C'est le bonheur assuré".
Une pub auto (BMW) basée sur "la joie". (Ducon la joie, oui…)
Un jambon d'Aoste : "Elle est pas belle la vie ?"
Ils ne se rendent pas compte à quel point ces récupérations des concepts de bonheur ou de joie sont crétines et odieuses, philosophiquement et socialement.
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Bienheureux ceux qui ne connaissent pas la souffrance éthique, le royaume de la finance leur appartient.
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Vivez-vous chez les riches ? Savoir le revenu moyen des habitants de votre commune, ça peut être rigolo :
http://www.salairemoyen.com/
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INERTIE
« Tout corps, en mouvement rectiligne uniforme ou au repos, soumis à des forces qui se compensent, persévère dans son état. » (Newton)
L'inertie d'un corps est sa propriété de conserver une vitesse constante (ou de rester immobile) lorsque aucune force externe ne s'y applique, ou que les forces qui s'y appliquent s'équilibrent.
Ou bien : Tendance d'un corps à maintenir indéfiniment invariable son mouvement.
Ou encore : Un corps ne subissant aucune force (ou un système de forces dont la résultante est nulle) reste immobile, ou a un mouvement rectiligne uniforme.
On parle souvent de force d'inertie, mais, en fait, il n'y a pas de force d'inertie, il n'y a que des effets de l'inertie. C'est pour aller contre l'inertie qu'il faut exercer une force : pour mettre en mouvement un objet immobile ou pour arrêter ou dévier un objet en mouvement sur son élan.
L'inertie, ce n'est donc pas seulement le fait d'être incapable de se bouger, la passivité ou l'apathie. ("Indignez-vous !" comme nous y pousse Stéphane Hessel.) C'est tout autant le fait de ne pas pouvoir s'arrêter, ou changer de trajectoire, une fois le mouvement lancé. Continuer sur son élan, son allant, sa lancée. Un bateau, une fois lancé, et une fois les moteurs coupés, continue "sur son erre" – belle expression.  Un train de même. Qu'est-ce qui peut faire changer les choses emportées par l'inertie, ralentir, s'arrêter, ou changer de direction ? Le frottement de l'eau ou de l'air ? Des freins très puissants ? Une pièce qui lâche… dérailler. Ou un obstacle. La neige, un ravin, un mur… ("Un pas de côté", disait Gébé dans "L'An 01"…)
Ce qui vaut pour un train, un bateau ou "un corps" vaut pour une société, un système politique ou économique, ou pour les grandes tendances du climat.
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Signé : Arlette Orange et Alain Ternet


En bonus, la carte de vœux dessinée pour Michel "Marcus" Iarmarcovai et son club de collectionneurs LDC-Bédégrammes. Dessin qui m'a été inspiré par Marie-Claude Pietragalla et son ballet solo "Don't look back". Elle sera incessamment publiée sous forme d'ex-libris, ainsi que la mienne ("La Porte Rouge", inspirée, elle, par un plan saisi au vol dans un épisode de Maigret, période Bruno Cremer.)

3 commentaires:

Unknown a dit…

Hier je recevais un ami physicien argentin à qui je posais la question:
"pourquoi les gens ne voient pas certaines évidences sur la marche du monde? pourquoi ne changent-ils pas?".
Il a une théorie intéressante sur l'un des obstacles principaux: la pensée limitée au contexte immédiat et local.
L'enregistrement est audio, en espagnol. Etes-vous intéressé?
Comprenez-vous l'espagnol ou bien faudrait-il que j'en fasse une transcription?

Philippe Caza a dit…

Hélas, je ne parle pas ni ne comprends l'espagnol. Si vous avez le courage de faire une transcription (résumée, peut-être…), ça m'intéresse, et je pourrai la diffuser.
Merci

Unknown a dit…

Avec la révolution en Tunisie et en Egypte je suis occupé par les infos. Voilà juste un résumé grosso modo, de mémoire:
Les esprits des personnes s'habituent et s'adaptent à un écosystème local. Les informations distantes ne sont pas reliées à leur représentation du monde et tombent dans l'oubli et l'ignorance. En conséquence, ce qui est lointain dans l'espace ou le temps se retrouve hors de l'horizon de leurs pensées. Un changement ou une alternative sont donc inconcevables et angoissants. Les conséquences ou l'importance d'une situation étrangère à leur localisme est justement ça, étrangère.
Ce manque d'abstraction rend les causes proches déterminantes à 100%, et plonge les personnes dans un style de vie routinal et dépendant de cette familiarité. La capacité de créativité ou d'autodétermination s'étiolent.

Une posible solution est transporter le temps d'une oeuvre d'art ces esprits à un degré d'abstraction rempli de sens en faisant vivre et accéder à des principes universels, qui deviennent évidents une fois que l'on veut bien considérer l'échelle à laquelle il s'applique.
De nombreux efforts de vulgarisation "de consommation rapide" ont été fait dans ce sens ces dernières années:
http://www.storyofstuff.org/
http://www.dailymotion.com/video/x75e0k_l-argent-dette-de-paul-grignon-fr-i_news
Etc.