samedi 12 avril 2014

CAPABILITÉ


— "Capabilité" ?
— C'est le mélange de capacité et de potentialité : la possibilité donnée par le milieu d'y épanouir ses capacités. Ça vaut pour l'homme, l'individu au sein de son milieu social. Ça vaut pour les bestiaux. La vision de "l'animal machine" primaire qui réagit aveuglément à des stimuli est une vision fermée. Même nos robots, de nos jours, s'adaptent… et des comportements nouveaux émergent. L'animal développe ses capabilités en fonction de situations, de ressources, de son environnement… de son écosystème, dont il n'est pas isolé : il l'habite.
— On lui prête donc des capacités presque humaines… l'adaptation… l'initiative. On en fait presque des "personnes", avec des comportements imprévus…
— Le refus par principe de l'anthropomorphisme repose sur la vieille certitude d'une rupture radicale entre humain et animal, comme dans le créationnisme chrétien. Mais retournons ça à l'envers : n'ayons pas peur de mettre du zoomorphisme dans notre manière de parler de l'homme : ce ne sont pas les animaux qui sont "comme" (comme nous), c'est nous qui sommes "comme" (comme eux).
Nous sommes, comme eux, des systèmes ouverts. Et l'espèce est un système ouvert (sinon il n'y aurait pas d'évolution). Les comportements originaux de certains animaux comme de certains humains ont une influence sur la dynamique de l'espèce. Les nouveaux naturalistes se rapprochent de l'animisme des primitifs. Ils n'ont pas peur de l'empathie, de la subjectivité, de l'émotion du vivant… ni de l'accusation d'anthropomorphisme. Ils se détachent ainsi de la  science-dissection des biologistes et des anciens naturalistes. Cessons de couper le réel en petits morceaux. Appréhendons les liens, les comportements, les relations, les processus.
— Cela peut mener à la question du "droit des animaux".
L'idée d'établir des droits des animaux (pour commencer, avant de s'attaquer aux droits des salades et des rivières…) fait partie de la construction de la "maison commune" (oikos). C'est l'écologie, l'éco-logis… ou même écho-logis, puisqu'il doit y avoir réciprocité, aller-retour de l'un à l'autre. Il ne reste plus vraiment de nature (pure, vierge), "la main de l'homme" a mis le pied partout, "la main invisible du marché" aussi. On ne peut plus que construire un mixte, une nature/culture. Construire un monde commun, un habitat collectif pluri-espèces, un milieu de communion et de communication – avec ses lois.


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