mardi 24 juin 2014

PERSONA


"Une personne", c'est "personne" ?
C'est sans doute une illusion de croire qu'il y aurait une personnalité de surface (théâtre, faux-semblant, hypocrisie, dissimulation, moi social, masque, persona…) qui cacherait, dissimulerait la vraie personnalité, le MOI pur, authentique. (Derrière ça, il y a l'idée que "l'habit ne fait pas le moine". Pourtant, même à poil, notre paraitre est bel et bien notre être (notre exister). Mais oui : l'habit fait le moine. Et le patchwork fait l'Arlequin. Mais les habits se salissent et s'usent : on en change.)
(Persona : masque des acteurs antiques, à l'expression figée, mais laissant passer la voix (per sona). La personne peut être vue comme un masque à travers lequel passe une voix, la voix de quelqu'un. On existe en tant que "quelqu'un" (sujet) plus par sa parole que par son aspect extérieur, en tout cas dans notre civilisation très verbale, très intellectualisée, où le visage parlant, mimant le corps, l'efface.)
Plus profondément, on croit qu'il y a différentes couches de MOI, conscient, subconscient, inconscient, toutes plus ou moins marquées par la vie sociale, toutes "fausses", et qu'il y aurait "quelque part" un vrai MOI, pur et dur, intouché et intouchable, un noyau dur (une âme immortelle…?) caché sous les épaisseurs de faux MOI.
Et c'est ce MOI profond qu'on trouverait ou retrouverait à travers une thérapie, un travail de développement personnel, une initiation. Avec une idée d'absolu, d'authenticité de ce "vrai MOI", tout le reste étant relatif, adapté, plus ou moins trivial.
Illusion. Ce noyau dur, s'il existe, n'est fait que de nos instincts, notre part physiologique, notre code génétique, notre part animale, faim-soif-contact-maternel : la personnalité du fœtus. Ce MOI est universel, en ce sens que nous avons tous le même : symétrie bilatérale, respiration par des poumons, circulation sanguine, mammifère, sexuation, etc.  et n'a donc rien d'un MOI tel qu'on l'entend en général : un individu, un sujet. Ce noyau serait ce qui, en chacun, tient de l'universel. La nature, d'abord physique, physiologique.
Ensuite "la nature humaine" ? Il y a bien une nature humaine, oui, celle de la nature dans l'homme et l'homme dans la nature. Nature animale, donc, à quelques détails près : la station debout, l'adaptabilité, la parole, le gros cerveau, la capacité à symboliser, à former des idées abstraites et à les transmettre.
Petite schématisation personnelle :
Dans nos conditionnements humains, partant du corps, on peut voir six directions concrètes et leurs extrapolations symboliques :
• La dualité verticale : haut \ bas ; le ciel \ la terre ; et, symboliquement, la morale, les valeurs : le bien et le mal. Le ciel et l'enfer. L'esprit et la matière (le corps, la chair). Le pur (léger) et le lourd. (Peut-être  une sorte de symbolisation du phénomène de la pesanteur.)
• La dualité l'horizontale : dos \ face ; derrière \ devant : le temps, la temporalité. Derrière, le passé ; devant, l'avenir. Lié à la marche et au placement des yeux sur la face. (Avec aussi des connotations psychologiques et morales : la mémoire, la nostalgie, les regrets \ l'espoir, l'espérance, le projet, la curiosité, l'élan vital…)
• L'autre dualité l'horizontale : symétrie bilatérale gauche \ droite : l'espace ou l'environnement au sens large, tout autour – et donc les autres, la société. (Avec aussi des connotation psychologiques et politiques – culturelles : gauche "féminine" et maladroite, droite "virile" et rigoureuse, etc.)
« Et tout le reste est littérature…»
Le reste, c'est "la condition humaine" : les conditions de vie historiques, inscrites dans une époque, un lieu, un climat, une culture…


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