mercredi 2 juillet 2014

Adviens (ce que pourras…)


(J'essaie d'en finir avec Sartre sans aborder les questions de liberté et de morale qui en découlent.)
Son MOI qui reste bien mystérieux : il le tient comme absent à la base, puisque ce n'est pas une essence préétablie. Il serait "à fabriquer" et pourtant, d'une certaine manière, il le tient pour acquit puisqu'il y a un JE qui fabrique un MOI.
JE me fabrique un MOI. Mais qui est donc ce JE de base ? Une force sans contenu ? (Et Bergson parle de "la détermination du moi par le moi"……………)
Son JE est maitre, sujet du verbe, mais on ne sait pas d'où il sort. JE suis né avec un JE, mais JE dois me le fabriquer en agissant en sujet. C'est un "deviens ce que tu es", alors qu'on n'est que ce que l'on devient. Il y a un problème de l'œuf et de la poule.
Camus : « L'artiste, au même titre que le penseur, s'engage et se devient dans son œuvre. » On pourrait dire "Deviens toi". C'est autre chose que "deviens ce que tu es" !
Ou Adviens
Pour comprendre ce processus d'individuation, ça demanderait à être pensé à la Morin, avec feed-back, boucle de rétroaction positive… Je fabrique du moi qui fabrique du je qui fabrique du moi qui……… Un processus continu, déjà toujours en cours, commencé bien avant moi, c'est-à-dire avant ma naissance, avant même ma conception, dans la continuité de l'espèce…
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Question de se fabriquer soi-même, Rousseau dit un truc assez rigolo sur son adolescence dans les Rêveries (Dixième promenade) : « Mon âme dont mes organes n'avaient pas développé les plus précieuses facultés n'avait encore aucune forme déterminée. »
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(Si je me répète, c'est que je tourne toujours autour du même sujet, en cercles ou en spirale, en m'échappant et en revenant… Obsessionnel mais pas vraiment systématique… Et aussi, lisant ou relisant, récupérant des vieilles notes, ou feuilletant quelques livres et revues, je nourris mon exercice de pensée – pensum ? – de points-de-vue différents mais, autant que possible, convergents.
D'ailleurs, c'est logique, puisque le JE n'est pas un objet du monde (sujet et non objet) et représente seulement le lieu d'un point-de-vue privilégié sur le monde, point-de-vue autant récepteur que producteur.)
Et du coup encore un petite citation :
Voltaire : « Agent ou patient, qu'importe ! agent quand il se meut volontairement, patient quand il reçoit des idées. Qu'est-ce que le nom fait à la chose ? L'homme est en tout un être dépendant, comme la nature entière est dépendante, et il ne peut être excepté des autres êtres. » (Le philosophe ignorant)


1 commentaire:

Bradan a dit…

Quand il s'agit d'examiner des processus, a fortiori évolutifs, les catégories traditionnelles d'objets ne marchent pas très bien et cachent plus qu'elles ne dévoilent la nature de la supposée substance.
C'est pareil pour les particules, en physique. De loin, de haut, on peut les traiter comme des objets-points, avec un rôle fixe et net, mais dans le détail, c'est plutôt une danse floue d'interactions dans l'espace et le temps qui fait émerger des propriétés macroscopiques par un effet statistique.