• Négatif/positif
Une autre
réflexion globale. Sur le
"ton" général, sommes-nous effrayés par la grandeur grandiose des
termes à Majuscule de la devise de la République et l'importance des valeurs en
cause, que nous devions nous laisser aller à un sérieux pesant et à la
seule expression quelque peu dépressive de "ce qui ne va pas" ?
Nécessaire,
sans doute, mais tellement répandu que cela finit par m'apparaitre comme une
forme de "bien-pensance" ou de "politiquement correct", et
peut-être "contre-productif" (j'adore détester ces expressions). Indignons-nous,
comme disait Hessel… mais ça fait des années qu'on n'arrête pas de s'indigner
et de dénoncer et de protester, et la réalité nous répond « cause
toujours ! », là encore. On passe son temps à combattre, lutter contre une perte, un danger, une
oppression (termes négatifs contre termes négatifs).
Dans le beau
texte de l'appel à la commémoration du 60ème anniversaire du Programme du
Conseil national de la Résistance du 15 mars 1944 (ce sera donc bientôt le 70ème anniversaire !) je lis
"résistance", "colère contre l'injustice" (oui, tant que
vous voulez !), mais aussi, heureusement, "faire vivre et retransmettre l'héritage de la
Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et
culturelle". (Le terme important est sans doute "faire vivre".)
L'"anti-racisme"
(un contre contre un contre), par exemple, est la seule valeur (ou idéologie)
de la gauche socialiste depuis des années, la seule valeur dont elle fait
discours, tandis que par ailleurs elle baisse son froc devant le grand capital
financier concurrentiel ultra-libéral mondialisé et signe les privatisations à
tour de bras. Anecdote personnelle : il y a quelques années, je discutais
de cette question de l'anti-racisme avec un ami, à la recherche d'un terme qui
ne soit pas une double négation. "Tolérance" ? Tellement condescendant,
proche de l'indifférence… Il m'a dit "fraternité"… Ce qui ne m'étonne
pas parce qu'il est un peu curé… mais terme qui, au moins, nous ramène à notre
sujet !
Je m'obstine donc à démonter "les mots qui nous
gouvernent" même si ça peut paraitre paradoxal ou enculeur de mouche. Ça
l'est sans doute, mais voilà : je suis un
sceptique… ou un puriste… ou doté d'un esprit critique pointilleux. Ça peut
être chiant, je sais, mais, comme je fonctionne comme ça, je vous en fais profiter,
dans la limite de votre patience. Pour moi, en tout cas, il faut en passer par là, déconstruire pour pouvoir
reconstruire autrement, et aussi par la pratique indispensable de l'humour et de
la provocation, pratique qui m'amène à citer aussi bien de grands penseurs de
nos siècles que des "brèves de comptoir"…
Ce pourquoi je commencerai par vous présenter quelques
droits de l'homme en libre-service:
Les Droits de l'Homme (même le dimanche),
– Le droit de
péter quand il fait beau,
manger pieds
nus, péter dans l'eau,
cueillir des
fleurs et des oiseaux.
— Le droit de
marcher sur les mains*,
de lancer des
apéros nains,
de pincer des
linges et beurrer des yeux noirs,
de pratiquer
le non-espoir.
— Le droit de
fuir en terre à délits,
d'aimer les
belles éclaircies,
de crier
"Dieu est mort" dans le désert,
prendre
d'assaut les pompes à air.
— Le droit
d'entrer dans le boudoir,
de philosopher
dans le plumard
et de faire
l'amour par hasard.
(Liste non-exhaustive.)
(*les siennes, pas celles des autres.)
••••••••••
(À
suivre)
"Cocard".
Dessin paru dans La Mèche N° 8.
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