• Liberté
La Déclaration de 1789 le dit clairement et
simplement : « Article
IV : La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit
pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a
de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance
de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la
Loi. »
… Sinon, c'est le chaos, et
le chaos n'est pas la liberté.
Exemple : au bar du coin, un obstiné fumeur tient absolument à fumer à
l'intérieur. Coléreux : « On est dans un pays libre, non ?! » Ce qui fait que son voisin, qui
n'apprécie pas de se faire enfumer, peut se sentir habilité, au nom de la même
revendication de liberté, à lui
foutre son poing sur la gueule. Chaos.
Dans le prolongement de ce
genre d'attitudes de revendication infantile de liberté, j'ajoute que l'un des
pièges du "principe liberté" est que le mot liberté a été récupéré, en quelque sorte "pris en otage"
par les libéraux, néo-libéraux, ultra-libéraux, les capitalistes libertaires
égotistes ou égocentriques, ultra-individualistes : laisser faire /
laisser passer, libre échange, non régulation… Tout cela s'inscrivant dans l'anti-étatisme,
et plus globalement, plus psychologiquement, dans l'anti-autoritarisme
infantile, purement égocentré.
Le "tenir compte des
autres", volontaire ou imposé par les lois, est la condition de la liberté. Relative. (Et se rappeler que plus il y a de monde, et plus
rapprochés sont les gens (ville)… en bref, moins il y a de place (de place libre), moins il y a de liberté, ou en tout cas plus il y a besoin
de règles, de lois, pour la paix sociale : la bonne gestion des
frottements et heurts de la vie collective, la régulation des interactions.)
Une bonne part de notre liberté sociale est faite de liberté
négative (ou "en creux") : le principe (réductionniste) qui veut
qu'on puisse faire tout ce qui n'est pas explicitement interdit par les lois.
Plus "des permissions" que "de la liberté".
Une bonne part de notre liberté sociale est faite de libertés
au pluriel : liberté de conscience, d'opinion, d'expression… liberté
d'entreprendre, liberté de religion, liberté de la presse, liberté syndicale,
etc. Ce qui nous permet d'échapper au piège du Grand Mot métaphysique, nous
remet les pieds dans le concret. LA liberté
n'existe pas : il n'y a que DES libertés.
(Et c'est déjà pas mal !) Encore ces libertés sont-elles "de
principe", et il y aurait à les examiner une par une, dans leurs limites
et leurs entraves.
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Pour que des règles
collectives préservent la liberté (ou
les libertés) de chacun et fonctionnent en paix, l'égalité est nécessaire. Et il faudra bien (accepter de) voir
l'antagonisme qu'il y a à la base entre la liberté
et les deux autres termes du contrat… ou au moins avec l'égalité.
Allez, une citation de
Camus (mais on pourrait citer en entier "L"Homme
révolté"…) : « La liberté
absolue raille la justice. La justice absolue nie la liberté. Pour être
fécondes, les deux notions doivent trouver, l'une dans l'autre, leur
limite. »
(Mais peut-être est-ce
justement la fraternité qui peut
réduire cette hostilité.)
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(à suivre)
(à suivre)
4 commentaires:
Sans porter de jugement, forcer l'égalité est une négation évidente de la liberté. Le collectivisme est lui aussi une négation de la liberté. Je pense qu'il est temps d'admettre que, comme la droite, la gauche n'a que faire de LA liberté. Car, diviser les libertés est malheureusement aussi une négation des liberté et un autoritarisme malsain. Bref, et je dis ça sans animosité, votre conception de la liberté n'est pas du tout une acceptation de celle-ci et une incompréhension totale de la première phrase que vous citez –et qui est très belle. Je ne connaissais pas, merci au moins pour ça.
Très bon texte, très sensé, comme souvent dans ce blog. Des idées à la hauteur de l'art de leur hauteur.
Tout le monde hurle "Liberté d'expression !", en ce moment, en France. Nourris à la télévision américaine, ils ont été persuadés que le Premier Amendement, c'est ça, la liberté d'expression...
J'avais oublié de mettre "à suivre". L'Égalité et la Fraternité sont aux programme.
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